Originaires de trois pays proche-orientaux, Albanie, Kurdistan et Turquie, deux interprètes et un musicien illustrent dans Neighbours leurs racines communes.
C'est un drôle de dialogue auquel nous convient Brigel Gjoka et Rauf « RubberLegz » Yasit, deux danseurs qui se sont rencontrés chez William Forsythe pour la création de A quiet evening of dance en 2018. Le premier, né en Albanie et issu du ballet et de la danse contemporaine, et le second, prodige autodidacte de breaking d'origine kurde basé à Los Angeles, sont pourtant très dissemblables au premier abord. À l'extrême souplesse de l'un répond l'élasticité de l'autre, qui passe ses jambes dans d'inextricables variations, ondulant vers son partenaire. Comme Laurel et Hardy, ils rebondissent sur leurs mouvements respectifs en prolongeant la vague.
Ce dialogue initial à deux, imaginé en 2019 comme un duo de 30 minutes sans musique, prend désormais tout son sens avec la nouvelle partie sur la musique live du compositeur Ruşan Filiztek, originaire d'Istanbul. Il faut tout l'art et la générosité de ce musicien et musicologue, spécialiste de la musique balkanique et orientale installé en France, pour faire rayonner la drôlerie, la générosité et la bienveillance attentive de ce duo hors norme.
Cet ajout bienvenu, dont la production a été impulsée par Florent Trioux du Sadler's Wells à Londres, avec le soutien de Dance Reflections, rend d'ailleurs le spectacle un peu déséquilibré. Car le plaisir de voir danser ces exceptionnels interprètes évolue avec cette nouvelle proposition, qui livre une danse instinctivement et culturellement sensuelle. Le compositeur leur propose des changements de rythme, des accélérations et des moments intenses ou doux, comme ce très joli duo avec des foulards rouges.
Une belle histoire d'amitié chorégraphique et musicale.