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Promise : Sharon Eyal s’en donne à « chœur » joie

C'est dans le cadre du festival Immersion Danse, à l'Onde Théâtre de Vélizy-Villacoublay, que  a présenté sa dernière création, Promise, tout autant habitée par son vocabulaire chorégraphique habituel que portée par un vent de nouveauté.

De ses années à la Batsheva, comme danseuse, directrice artistique et chorégraphe, garde cette attention au mouvement énergique et habité, fort d'une intention imagée et taillée dans des mouvements puissants. Depuis 2013, année de fondation de sa compagnie L-E-V avec son compagnon et collaborateur , construit une œuvre reconnue à travers le monde et se pose comme fer de lance de la danse contemporaine israélienne.

Les sept danseurs font corps, les uns contre les autres, face public, perchés sur leur demi-pointes, signature de la chorégraphe. Cette position toute académique, associée à certaines postures de ballet, se lie avec sensibilité à un style contemporain, fait de figures de groupes et de moments éclatés. Ces moments d'émancipations des corps, d'habitude rares dans le travail de Sharon Eyal, prennent dans Promise une nouvelle dimension.

Les va-et-vient, qui rythment la respiration du groupe, laissent se dégager une sensualité troublante, une transe physique et corporelle. Les danseurs, comme fixés dans la pulsation d'un cœur tout autant que dans la force d'un chœur, traversent ces quarante-cinq minutes de performance avec une minutie et une force qui subjuguent, et sidèrent.

La machine rythmique imposée aux danseurs vêtus de justaucorps bleus clairs, prise dans le corset de la danse classique, laisse plus que jamais échapper des moments où l'individu sort du groupe. L'humain, qui affleurait avec délicatesse dans les précédentes pièces, se fait plus présent ici : les personnalités se dessinent avec vivacité, ici une tête apparait, là une danseuse prend son envol dans un porté.

La scénographie fait la part belle à un espace vide habité des somptueuses lumières d'Alon Cohen, dont les douches de lumières froide hypnotisent et agissent avec charme. Seule une pluie de petites lumières chaudes descendant des cintres vient accentuer ce sentiment neuf d'intimité.

Les interprètes livrent une prestation millimétrée. Leur cadence, qui rappelle toujours celle d'un Jorge Donn dans le Boléro de Béjart, laisse libre court à mille images somptueuses aussi prégnantes qu'évanescentes. Amber Pansters illumine le plateau, lieu de virtuosité de ces danseurs de la troupe Tanzmainz avec laquelle Sharon Eyal signe sa troisième collaboration. On avait laissé Sharon Eyal à Chaillot avec Chapter 3, on est heureux de la voir évoluer avec génie et toujours autant de jouissance pour le public, qui, ce jour-là, accueille la pièce avec une immense clameur, à la mesure de la stupéfiante performance physique et de l'incroyable talent de la chorégraphe.

Crédits photographiques : © Andreas Etter

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