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Jacques Lenot : une carrière de compositeur en images

Présenté devant un public restreint par le réalisateur Ludovic Lang en septembre 2020, le film documentaire sur , Les anges se penchent parfois, sort en DVD sous forme de coffret, accompagné de trois CD.

1945 : c'est à partir de cette date charnière de l'histoire, qui est aussi celle de la naissance de , que se dessine le portrait du compositeur, en autant de facettes que de lieux « traversés » où le cinéaste a posé sa caméra : dans l'église de Royan, où le jeune Lenot assiste à la création d'une de ses premières œuvres pour orchestre ; dans le cimetière juif de Berlin, puis à Rome où nait son obsession des anges. Les cloches de la basilique Saint-Pierre lui inspirent le poudroiement sonore de Il y a, une pièce pour orchestre virtuel de quatre-vingt-quatre musiciens créée à Saint-Eustache lors du Festival d'Automne avec les forces de l' ; il est à Chicago pour travailler avec son pianiste d'élection ou encore dans le Gers où il finalise ses pièces d'orgue au côté de , co-titulaire de l'instrument historique de Sainte-Marie d'Auch. Au détour de ses voyages – qui nous mènent jusqu'à Carthage –, il est filmé à Saint-Jean-d'Angély, son village natal, où il retrouve sa maison d'enfance, son professeur de piano et la rue de l'Horloge abritant la boutique de ses parents horlogers. Il est également en répétition, avec le ainsi que les pianistes , et Jacques Raynaud, des interprètes dont l'attachement, dit-il, est de l'ordre de « l'entente secrète ». Sans préavis, on le voit se lancer dans une improvisation furieuse au clavier, une performance inédite qui n'a rien à envier aux Klavierstücke de Stockhausen !

n'a jamais cessé d'écrire, fidèle à une rigueur sérielle qu'il sait assouplir autant que renouveler ; c'est ce dont témoignent et , le collaborateur et ami fidèle, ainsi que les extraits musicaux de la bande-son durant les 70 minutes d'un film dont la finesse du montage le dispute à la qualité du son et de l'image. L'émotion est prolongée jusqu'au générique où s'entend l'un des chefs d'œuvre de Lenot, Et il regardait le vent, mariant avec subtilité la trompette et le quatuor à cordes.

En bonus et en images, un long entretien avec le compositeur et des concerts filmés prolongent les images du film et complètent le DVD : à Chicago avec le pianiste et la violoniste Minghuan Xu, à Gaveau avec lors de son dernier récital et au CRR de Paris. À voir également, une répétition du et les temps forts du week-end à Auch de 2018 avec, entre autres, la création du Musikkalische Exequien, musique funèbre du compositeur mettant en dialogue les deux orgues de la Cathédrale Sainte-Marie.

Les trois CD du coffret sont une sorte de montage lenotien d'une trentaine d'œuvres en lien avec la bande-son du film. Elles couvrent plus de cinquante ans de musique, inédite parfois ou extraite de gravures plus anciennes : de Diaphaneis créé au festival de Royan par l'Orchestre National de l'ORTF et Maurice Le Roux, aux six Nocturnes donnés en concert par la pianiste en 2019 (que l'on retrouve sur le DVD). Le piano y est largement représenté mais aussi les cordes (quatuors), l'orgue, la voix (Le Tombeau d'Henri Ledroit) et jusqu'à l'électronique d'Il y a.

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