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Avec Philippe Herreweghe, lecture enfiévrée de la Missa solemnis

À la tête de solistes triés sur le volet, face à son et à l', livre une lecture inspirée du chef d'œuvre de Beethoven.


On connaît les accointances de avec la Missa solemnis de Beethoven, et le chef d'orchestre n'a certainement pas fini de révéler au public les détails les plus intimes de ce pur chef d'œuvre. Annoncé souffrant, Herreweghe, fiévreux, s'octroie deux courtes pauses à l'issue du « Gloria » et du « Credo ». Pour un concert d'une telle intensité, le public apprécie ces moments de respiration qui lui permettent d'ajuster la lourde charge émotive libérée par les choix interprétatifs. Loin d'une vision monumentale et tourmentée de l'œuvre de Beethoven, à laquelle nous ont habitués les grands chefs du passé (Toscanini, Karajan, Boehm, Klemperer, Giulini…) Herreweghe propose au contraire une lecture fluide et plastique de la masse sonore beethovénienne, traitée dans toute la dimension spirituelle qui lui sied si bien. La fréquentation de Bach transparaît à chaque page, et rarement les instruments d'époque auront sonné avec autant de vérité et d'authenticité. Le violon solo du « Benedictus », avec son évocation implicite de l'esprit saint, nous fait pour quelques instants quitter la terre. Lecture superlative de la partition par le , dont on ne sait s'il faut surtout louer la justesse absolue, la précision des attaques ou la dynamique quasi instrumentale des phrasés. Ajoutons au bonheur de la soirée un quatuor de solistes irréprochables en dépit d'une écriture vocale tendue à l'extrême. Familier d'une œuvre qu'il interprète depuis des décennies, déploie un superbe timbre de basse qu'il sait moduler à la perfection. dispose elle aussi d'opulents moyens, dont elle use avec ferveur et musicalité. Pour beaucoup, le ténor turc sera une révélation, autant pour la délicatesse de son chant que par le soleil de son timbre. Un ténor aux moyens mozartiens qui devrait faire parler de lui dans les années à venir. On a gardé pour la bonne bouche le soprano solaire de l'Australienne , dont les moyens rappelleraient presque ceux de Gundula Janowitz dans ses plus belles années. Une voix droite et puissante, capable des nuances les plus délicates dont les montées dans les hauteurs semblent illimitées. Un concert mémorable, particulièrement en phase avec les fêtes de Noël à venir.

Crédit photographique : © Philharmonie Luxembourg / Alfonso Salgueiro

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