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Le Boulez Ensemble et Matthias Pintscher pour un théâtre instrumental entre les époques

Bach d'un côté, Birtwistle et Pintscher de l'autre : l'ensemble fondé en 2017 montre sa versatilité, avec quelques limites.

Le est sans doute la moins connue des étoiles de la galaxie Barenboim à Berlin – il a beau avoir été créé en même temps que la Boulez-Saal où il est en résidence, c'est la première fois, pour son concert n° 48, que ResMusica rend compte de son activité. Composé en bonne part de musiciens issus de ses autres ensembles – Staatskapelle, West-Eastern Divan Orchestra – et entièrement modulable, il permet d'aborder des œuvres en marge du répertoire habituel des orchestres symphoniques traditionnels, comme le démontre ce généreux programme.

Le concert s'ouvre par la rare cantate profane BWV 210 de Bach, à la fois cantate nuptiale et éloge des pouvoirs de la musique. Dès le récitatif initial, la soprano passe en force ; on comprend vite pourquoi en la voyant boire de façon répétée et tousser entre les phrases : en l'absence d'une doublure possible, il aurait mieux valu prévenir le public de cette indisposition. n'est certes pas spécialiste de Bach, et le travail des couleurs instrumentales ne rivalise pas avec celui des meilleurs ensembles baroques, mais il a du moins le sens de la rhétorique et du mouvement musical, mais ce digne accompagnement ne console pas des difficultés de la soliste, si excusables soient-elles.

L'essentiel du concert est dévolu au travail essentiel sur les classiques du répertoire d'aujourd'hui, à commencer par Secret Theatre de , créé en 1984, une oeuvre qui revendique une certaine théâtralité ludique en opposant, dans des considérations toujours nouvelles, un cantus soliste ou du moins chambriste à un continuum d'une plus ou moins grande fraction des quinze musiciens de l'ensemble. en tant que chef n'est pas toujours le plus engagé des interprètes, et cette œuvre complexe, où il se passe beaucoup de choses, aurait mérité un traitement plus différencié, plus de théâtralité assumée, de véritables choix interprétatifs.

C'est donc la dernière œuvre du programme, composée en 2012, qui est la plus grande réussite du concert, peut-être parce que est mieux placé que personne pour la mettre en valeur : bereshit, littéralement « au commencement », emploie un ensemble plus large d'une petite trentaine de musiciens qui occupent tout l'ovale de la scène. Le début piano est bien un commencement, d'abord inorganique, puis de plus en plus agité, comme si une forme de vie émergeait ; l'impression de mystère imprègne une bonne partie de la pièce, qui partage avec la précédente un réel sens théâtral qui mériterait bien d'attirer l'attention des chorégraphes ; le parcours est cependant plus nettement balisé, plus lisible que chez Birtwistle. Le son de l'orchestre est beaucoup moins anguleux chez Pintscher, plus en quête de textures impalpables et d'émotions secrètes.

Crédits photographiques : © Peter Adamik

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