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Martinů à (re)découvrir avec le violoncelle opérant et zélé de Bartosz Koziak

La Sonate n° 2 pour violoncelle et piano (1941) et le Concerto n° 2 pour violoncelle et orchestre (1945) de , composés aux Etats-Unis, reçoivent avec une interprétation de grande qualité.

, après avoir fréquenté le conservatoire de Prague, s'installe en France en 1923 où il établit sa réputation comme compositeur. Fuyant l'occupation allemande, il part en 1940 aux États-Unis et ne retournera en Europe qu'après la fin de la Seconde Guerre mondiale.

Son vaste catalogue aborde pratiquement tous les genres musicaux et porte profondément les marques de ses origines culturelles mais également des influences venues de la Renaissance (madrigal anglais), du concerto grosso de l'époque baroque autant que du jazz. Élève de Roussel à Paris, il découvre Dukas aussi bien que Ravel et laisse un catalogue riche d'environ quatre cents numéros où l'on repère d'autres attributs comme ceux de l'esthétique debussyste.

On peut avancer que sa réputation internationale demeure encore très en deçà de la valeur intrinsèque de sa musique. Est-ce en partie parce qu'il renonça initialement à la domination mélodique classique pour se concentrer sur la multiplication de brèves cellules ? Ou encore parce qu'il métamorphosa une débauche rythmique et polytonale vers des élans lyriques conduisant plus tard à une forme de néo-impressionnisme ? Ses états esthétiques successifs véhiculent néanmoins le plus souvent une atmosphère attachante et chaleureuse, et une fréquentation plus régulière devrait emporter l'adhésion des auditeurs.

La Sonate n° 2 pour violoncelle et piano écrite peu après l'arrivée du compositeur en Amérique offre au piano, au cours du premier mouvement noté Allegro, une réelle abondance mélodique. Le Largo suivant, ample, est empreint d'un sentiment de méditation intense mais ne se dispense nullement de hardiesses rythmiques. La sonate s'achève par un Allegro commodo tonique où se profile des rappels populaires. Le violoncelle chantant de et le piano survolté de élèvent cette riche partition au rang de chef-d'œuvre de la musique de chambre tchèque.

Le Concerto n° 2 pour violoncelle et orchestre, plus lyrique que son prédécesseur, d'allure néo baroque, ne fut publié qu'en 1964, une vingtaine d'années après son élaboration. L'Orchestre philharmonique Janaček basé dans la ville d'Ostrava démontre qu'il compte parmi les plus saillants du pays. Ses qualités exacerbées par la direction vigoureuse et rigoureuse du chef (né en 1986) donnent une magnifique allure au Concerto, accentuant délicatement le paisible Moderato initial, soulignant le lyrisme touchant de l'Andante poco moderato et son engagement rythmique et incisif dans le final Allegro. nous propose une interprétation de premier choix, adoptant habilement son jeu aux trois mouvements successifs et bien distincts voulus par le compositeur.

, ce monument de la musique tchèque mérite une place de choix située non loin de Smetana, Dvořak et Janaček. Ce CD paru chez Dux contribuera sans doute à la conforter par son engagement et par son intégrité.

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