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Au Théâtre de la Bastille : Giselle…, comme si vous y étiez !

Au Théâtre de la Bastille, l'auteur et metteur en scène a proposé à la danseuse , de raconter et danser l'histoire de Giselle dans Giselle…. Une conférence dansée pétillante et intelligente.

Ancienne danseuse d'Anne Teresa de Keersmaeker, , incarne Giselle, comme si vous y étiez ! Pas de corps de ballet, ni de solistes, le plus célèbre des ballets romantiques de et reprend vie sous nos yeux ébahis avec une danseuse contemporaine et un quatuor original et talentueux composé d'un violon, une harpe, une flûte traversière et un saxophone qui joue un arrangement de la musique d'.

commence par brosser à grands traits l'histoire du ballet jusqu'au 12 mars 1831, date à laquelle Marie Taglioni danse La Sylphide pour la première fois à l'Académie Royale de Musique. Cet événement marque une nouvelle page dans l'histoire de la danse, et l'âge d'or du ballet romantique et de la ballerine classique, avec l'invention des chaussons de pointes.

Après avoir campé le décor, ceux de Giselle sont précisément décrits par Théophile Gautier dans le livret qu'il écrivit pour la création du spectacle, l'on apprend que les décors du premier acte sont recyclés de La Fille du Danube, un précédent ballet romantique qui fut un flop.

Samantha van Wissen convoque tour à tour les personnages du ballet Giselle. Pour l'entrée de Hillarion et le fruit de la chasse qu'il offre à Giselle, elle compare les danseurs des versions russe, américaine et française incarnant le garde-chasse. Au début du ballet, Giselle, « 100 %, joie de vivre », « sort de sa maison comme un oiseau de sa cage », dit Samantha van Wissen. Autre perle, dans ce texte bien écrit qui ajoute beaucoup de charme au spectacle, elle poursuit : « avec Loys, qui apparaît dans les coulisses, ils se cherchent comme deux écureuils de l'amour. ». Complice et drôle, Samantha van Wissen émaille aussi son texte de paroles de chansons populaires, ce qui donne encore plus de légèreté et de vivacité à son récit.

La danseuse, et derrière elle, , auteur et metteur en scène, décrit la pantomime du ballet en y ajoutant ses commentaires personnels, admiratifs ou impertinents. Par exemple, elle décrypte la pantomime de Bertha, qui évoque le sort des Willis et leur malédiction ou la pantomime de Mathilde, avec laquelle elle mélange des extraits de ballet dansés pour Anne Teresa de Keersmaeker. Enfin, point culminant du premier acte de Giselle, elle nous propose de suivre pas à pas la scène de la folie.

Et ça continue ! Au deuxième acte, Samantha fait revivre à elle seule les 32 willis sur le plateau, et leurs entrées successives côté cour ou côté jardin. Elle nous invite nous aussi à lâcher prise et à croire au langage des fleurs ou à l'imagerie de la fantasmagorie. « Shazam ! » s'exclame-t-elle en mimant l'apparition de Giselle qui ne danse plus seulement la joie au milieu de ce deuxième acte, mais le sortilège dans lequel elle est enfermée. On y croit encore plus fort quand Samantha van Wissen marque et décrit au rythme de la musique chaque pas du pas de deux final de Giselle et Albrecht. Le ballet revit devant nos yeux, toutes versions confondues, pour notre plus grand plaisir. Une conférence dansée drôle et tonique, mais historiquement solide, à conseiller à tous les danseurs classiques, interprètes de Giselle ou non, et aux ballettomanes qui apprendront encore de nouveaux détails…

Crédits photographiques : © Dorothée Thébert Filliger

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