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Avec Louis-Noël Bestion de Camboulas et l’ensemble Les Surprises, un Mozart inattendu

Jouées sur des instruments historiques rares, nombre de pièces peu connues de Mozart sauront ravir l'auditeur féru de nouvelles découvertes. À écouter avec délectation, et sans modération.

Porté par le Musée de la Musique de la Philharmonie de Paris, ce beau projet a pour double objectif de faire connaître des partitions peu jouées de Mozart, et de donner corps et vie à la collection d'instruments rares qui constitue un élément phare de notre patrimoine national. Harmonica de verre, mandoline crémonaise, divers instruments à clavier dont un piano carré organisé Érard de 1791, un piano à queue Gräbner de 1791 et deux orgues historiques alsaciennes comptent ainsi parmi les ingrédients essentiels de ce double album confié au chef et instrumentiste . Le programme, conçu autour de pièces rarement entendues de Mozart, contribue grandement à l'enchantement procuré par l'écoute de ce double album. Une grande partie du programme est composée de douze des dix-sept sonates d'église, ou sonates d'épître, destinées à être jouées pendant l'office, généralement écrites pour orgue, violons et basse continue, parfois avec l'adjonction de hautbois, de cors, de trompettes et de timbales.

D'autres curiosités complètent le programme, notamment des pièces pour instrument à clavier (orgue mécanique, clavecin(s), piano carré) ou harmonica de verre. Quelques détours vers Haydn et enrichissent agréablement le programme, notamment cette étonnante fantaisie pour clavecin de Bach autour du monologue d'Hamlet « Sein oder nicht sein, das ist die große Frage ». D'autres pièces vocales permettent de réentendre les ariettes françaises « Oiseaux si tous les ans » et « Dans un bois solitaire et sombre », autrefois au répertoire des grandes mozartiennes des années 1950-1960 (Elisabeth Schwarzkopf, Rita Streich, Teresa Stich-Randall…). et y apportent le naturel et la simplicité qui n'étaient pas vraiment la marque de fabrique de ces grandes dames. D'autres pièces vocales, profanes ou sacrées, complètent le propos dont une, « Komm, liebe Zither », accompagnée à la mandoline. On aura la surprise de reconnaître dans le Solfeggio K 393, présentée dans l'excellente notice de présentation comme « une vocalise composée à des fins pédagogiques », le premier solo de soprano de la célèbre Messe en ut mineur, dans lequel se tire avec honneur de toutes les difficultés techniques et vocales prévues par Mozart : mélismes, trilles, changements abrupts de registres etc.

Une publication fascinante dont l'intérêt musicologique est particulièrement évident, renforcé de surcroit par une notice étonnamment riche. S'ajoutent à cela les délices d'une interprétation soignée et historiquement informée, confiée à des interprètes talentueux qui visiblement croient à l'entreprise. À consommer sans modération.

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