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Clocks & Clouds clôture le cycle Noé Soulier du Festival d’Automne

Sixième et dernier spectacle de présenté cette saison par le Festival d'Automne, la création Clocks & Clouds prend appui sur un grand groupe de danseurs encore étudiants pour la plupart, ainsi que sur la musique de Ligeti superbement interprétée par les musiciens de l'.

n'a que trente-cinq ans, mais c'est déjà un véritable portrait qu'en dessine cette année le Festival d'Automne avec le projet 6 x , débuté en septembre par Mouvement sur mouvement, première pièce du chorégraphe présentée par le Festival dès 2013, et conclu ce premier week-end de janvier par la création Clocks & Clouds au Carreau du Temple.

Dans la grande halle nue, où le public est assis sur trois côtés autour d'un parterre naturellement délimité, les danseuses et danseurs issus du Cndc-Angers et du Conservatoire de Paris entrent sur une scène aux lumières tantôt froides ou chaudes jamais trop appuyées de Victor Burel, pendant que l' interprète intégralement deux ouvrages de Ligeti. Initialement inscrites en plus des deux partitions effectivement jouées, les Dix pièces pour quintette à vent semblent avoir été finalement occultées du programme, pour ne plus proposer du compositeur hongrois que la Sonate pour alto et le Concerto de Chambre.

Seul au milieu de la scène face à un unique pupitre, l'altiste de l' John Schulz introduit donc la sonate d'une trentaine de minute, ouverte par Hora lungă, mouvement tiré d'un chant populaire roumain interprété sur la seule corde de do, utilisée seulement sur des micro-intervalles. Autour de lui, deux jeunes femmes apparaissent, pour une danse qui donne presque l'impression de répéter les formes d'un combat dans lequel on ne se touche jamais, toujours souple et élancé, jamais trop violent, pour ensuite laisser place à un groupe de quatre danseurs, puis à un autre duo, suivi encore d'un autre plus athlétique porté par deux hommes.

Au fur et à mesure que la pièce en six mouvements progresse, l'altiste , excellent, se voit entouré de la trentaine de jeunes danseurs toujours habillés de blanc, dans des costumes de Catherine Garnier qui ne sont jamais vraiment les mêmes, ni tout à fait différents, autant que les danseuses et danseurs ne sont jamais normés comme dans un corps de ballet, certaines grandes, d'autres petits, aux formes irrégulièrement généreuses. Une nuée semble au milieu de la pièce enfermer l'altiste imperturbable, tandis qu'à d'autres moments les corps s'élèvent pour rechercher les nuages (« Clouds ») du titre, ou plus exactement le ciel, vers lequel ils tendent souvent les mains, tandis qu'il le regarderont dans la seconde partie en se laissant glisser vers la terre.


La première partition achevée, John Schulz retrouve les douze autres instrumentistes de l'Ensemble Intercontemporain pour une œuvre souvent jouée et surtout enregistrée par Pierre Boulez en 1982, douze ans après sa création par un autre ensemble et un autre chef-compositeur, die reihe et Friedrich Cerha. Là encore, la maîtrise des musiciens à présent dirigés par Oscar Jockel ressort dès la mystique du premier mouvement, Corrente, pour exulter au troisième, où l'on pense maintenant aux horloges (« Clocks ») de ce Movimento preciso e meccanico lancé par les pizz fracassants du contrebassiste Nicolas Crosse. Là encore, le jeu des danseurs se développe comme la musique par une alternance de mouvements de va-et-vient et de contre-réactions, enchaînés par des effets d'attractions et de répulsions plus ou moins prévus, parfois dépendants de ceux des autres danseurs, déjà minutieux dans les phases de groupe, toujours superbes en duos et petits ensembles lors des parties symétriques ou parallèles.

Aussi attirant du point de vue musical que chorégraphique, ce programme démontre un peu plus la qualité du travail de Noé Soulier, en plus de mettre en avant sa facette de directeur du Cndc-Angers, dont de nombreux étudiants de ce spectacle sont issus.

Crédits photographiques : © Anne-Lise Grosbois 

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