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Carte Blanche à Gustavo Dudamel à l’Opéra Garnier

Alors qu'il est en France pour diriger la reprise du Tristan dans la production de Bill Viola, le directeur musical de l'Opéra de Paris profite d'une Carte Blanche au Palais Garnier pour servir des œuvres hispaniques et américaines avec les prometteurs chanteurs de l'Académie.

Décrite par le chef comme un programme latino-américain, la Carte Blanche de est plutôt un programme latino et américain, puisque bien qu'ouvert par Villa-Lobos et suivi d'une pièce de Piazzolla, le concert présente aussi les Espagnols Obradors, Granados et Codina et surtout les Nord-Américains Bernstein et Weill, ce dernier seulement représenté par ses pièces d'exils.

Interprète la plus sollicitée du programme, la soprano italienne entre en scène devant un octuor de violoncelles pour filer avec une belle prestance les vocalises de la Bachianas brasileiras n° 5 d', la plus célèbre et aussi la plus jouée par le chef, qui l'avait notamment choisie pour le concert en plein air de la Waldbühne de Berlin en 2008. Mais si certains disent qu'à l'instar de Samson, Dudamel a perdu de sa fougue depuis qu'on lui a coupé les cheveux, il s'avère surtout que les musiciens de l'Opéra national de Paris ont du mal dans cette pièce à réellement s'exalter. Purement symphonique, le Divertimento de joué avec tout l'orchestre en souffre particulièrement, comme plus tard l'Intermezzo peu en verve du Tableau I de Goyescas d'.

L'Espagnol est le deuxième chanteur à entrer en scène, pour un Oblivion d' dénaturé par un chant au micro. Heureusement, nous pourrons profiter à nouveau de ce chanteur en solo dans la Romanza de Saúl du catalan , cette fois parfaitement à l'aise sans sonorisation. Il sera encore remarquable dans l'Ice Cream Sextet du Street Scene de , qui permet de présenter en même temps les six chanteurs du programme, laissant le premier rôle au ténor , sans air solo dans cette soirée. La Rosa y el Sauce de Carlos Guastavino offre un premier aria à la soprano russe , dont le chant ouvert ne montre pas encore une propension à s'appuyer sur le texte pour en développer les émotions, tandis qu'on retrouve ensuite encore deux fois l'autre soprano, pour un nouvel extrait de Goyescas ainsi que dans l'un des chants populaires espagnols d'Obradors.


Porté par les voix, l'orchestre parvient à se dérider un peu avec et reste sur cette dynamique pour le premier air de la seconde partie, What a movie ! extrait du Trouble in Tahiti de Bernstein, animé d'un chant caricatural parfaitement adapté par la superbe mezzo , un peu mise en défaut par l'atmosphère encore trop froide de Garnier. Ses confrères entrent par le côté pour faire un petit chœur en fin de scène, comme ils le feront ensuite pour accompagner le retour de Polonskaya dans la Canción de Paloma du Barbier version zarzuela de . A boy like that tiré de West Side Story permet de retrouver en duo les deux chanteuses, en mettant en avant la supériorité scénique comme vocale de la mezzo française, superbe dans le Youkali final chanté à six, tiré de l'ouvrage Marie Galante, écrit en France en 1934 par avant qu'il ne poursuive son exil aux États-Unis. Très répétitif, cet extrait n'en met pas moins en exergue la supériorité de Weill par rapport aux autres, même si les pièces A fuengo lento d' et la troisième dance d'On the Town de Bernstein concèdent de beaux soli à l'orchestre, notamment dans les bois (saxophone, clarinette, hautbois).

Très applaudis par un public enfin échauffé, les musiciens offrent un bis annoncé par Dudamel : Kurt Weill et sa crème glacée, chanté par avec la participation du public qui débute en demandant « Do you want an Ice Cream ? », les spectateurs répondent en chœur et très fort « Yeeeesss !!!! » !

Crédit photographiques : ©Elisa Haberer – OnP

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