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Behzod Abduraimov dépeint les Tableaux d’une Exposition au Louvre

À l'Auditorium du Louvre, propose sans entracte un programme débuté par les Kreisleriana de Schumann et achevé par le chef-d'œuvre de Moussorgski.

Introduit par les Kreisleriana de , le récital de à l'Auditorium du Louvre étale dès Äußerst bewegt toute l'agilité du pianiste, usant d'une palette encore très moderne pour aborder cette partition romantique. Plus posé, il séduit véritablement dans l'interprétation du cycle à partir de Sehr innig und nicht zu rasch, avant de trouver à nouveau une superbe célérité avec Sehr aufgeregt. Portée par les contrastes d'un jeu toujours souple au doigté bien que très appuyé, l'œuvre se conclut avec une superbe approche des sautes d'humeurs de Schnell und spielend.

Passés de chaleureux applaudissements et un court aller-retour en coulisse, Abduraimov se rassied devant le clavier pour aborder Les Murs de l'ancienne Boukhara, de la compositrice ouzbek . En huit parties, d'une petite vingtaine de minutes en tout, le cycle débute par des sons froids pour décrire la Mosquée Kalon, puis se dynamise avec Royaume samanide, d'une écriture un peu plus moderne mais résolument tonale. L'atmosphère redevient sombre avec Tombe d'Ismail Samani, très bien développée dans le grave par le pianiste, impliqué pour apporter de la profondeur à l'ouvrage de sa compatriote aujourd'hui octogénaire. Dômes puis Minaret de la mort déploient un style plus cadencé, dans une partition tendue à laquelle l'interprétation rend hommage jusqu'au morceau final, Sur les murs de l'ancienne Boukhara.

En dernière partie, revient à l'un des chefs-d'œuvre pour lequel il est actuellement la référence depuis plusieurs années. Enregistrés par lui en 2021 pour le label Alpha, Les Tableaux d'une Exposition de retrouvent au Louvre dès la Promenade introductive une puissante intensité. Par la suite, l'artiste y dévoile des toiles d'une grande majesté, notamment Gnomus et ses ruptures parfaitement agencées, ou le très contemplatif Il Vecchio Castello. Un peu perdu au début de la monté censée représenter le mouvement de la charrette de Bydlo, il se rassérène rapidement pour marquer de magnifiques contrepoints les discours de Samuel Goldenberg und Schmuÿle. Puis il s'engouffre dans Limoges, sous un piano quelque peu en perte en justesse, à force de se faire frapper sans retenue par ce doigté incroyablement percussif et pourtant jamais lourd. Prise sans la lenteur trop habituellement recherchée par la plupart des interprètes, La Grande Porte de Kiev conclut puissamment le cycle, avant deux bis, dont le premier n'est autre que le Prélude n°4 op. 28 de Chopin, lui aussi superbement joué.

Crédits photographiques : © Evgeny Eutykhov

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