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Alina Ibragimova et Cédric Tiberghien ressuscitent une sonate presque oubliée de Mendelssohn

Auteur d'un des plus célèbres concertos pour violon du XIXᵉ siècle, Mendelssohn n'a pas laissé de sonate marquante pour son propre instrument. On sait gré à de réunir deux pages de jeunesse avec un fragment inachevé de la seule sonate de maturité qui ressort de cet album comme un véritable chef-d'œuvre oublié.

Si son Concerto pour violon en mi mineur op. 64 figure parmi les plus réussis et les plus célèbres du genre au XIXᵉ siècle, Mendelssohn a moins marqué celui de la sonate pour violon que Beethoven, Schumann ou Brahms. Ce disque d' illustre cette constatation ; la Sonate en fa majeur de 1820 est l'œuvre d'un enfant prodige de onze ans, fabuleusement doué mais à la personnalité encore en devenir et très influencée par le style classique, de Haydn en particulier. Mendelssohn, violoniste de talent et proche de nombreux virtuoses de l'instrument de son époque (son ami et professeur Rietz, élève de Rode, Spohr, Ferdinand David, le dédicataire de l'opus 64 entre autres) y fait montre de son exceptionnelle sûreté d'écriture. La suivante, la Sonate en fa mineur, fut publiée sous le numéro d'opus 4 en 1823, elle subit quant à elle l'influence de Beethoven, qui marqua durablement le compositeur. A la fin des années 1820 apparemment, Mendelssohn en entreprend une autre, la Sonate en ré, déjà beaucoup plus romantique mais qu'il laisse inachevée au milieu du premier mouvement après une ambitieuse introduction lente inspirée de la Sonate à Kreutzer.

Mais c'est surtout la Sonate en fa majeur de 1838 qui se révèle un véritable chef d'œuvre. Que Mendelssohn l'ait considérée comme pas tout à fait satisfaisante au point de reprendre le premier mouvement puis de l'abandonner en route ne doit pas nous tromper ; ses trois mouvements en font un vrai chef-d'œuvre où l'élan, la vivacité, l'élégance sont du meilleur Mendelssohn. C'est sans conteste la meilleure part du CD, celle aussi où se révèle la plus passionnée et convaincante, alors que dans les sonates de jeunesse elle expose quelques sonorités un peu aigres, et ne parvient pas à dissimuler le côté encore un peu scolaire de la toute première sonate. Mais pour la grande Sonate en fa majeur où l'entente avec le piano virtuose et volubile (un trait bien caractéristique de Mendelssohn) de et le choix d'une édition critique bien préférable à celle arrangée par Menuhin, découvreur de l'œuvre en 1953, on chérira ce disque.

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