Les Pense-Bêtes est à l'origine un cycle vocal commandé à Philippe Forget par l'Opéra de Limoges pour les programmes OperaKids et Un chant, une chance ! La crise sanitaire ayant empêché la création scénique, le projet a été réalisé sous la forme d'un livre-disque à destination du jeune public (à partir de 4 ans).
L'album est beau mais très sombre. Les illustrations signées Le Poisson sont riches et créatives mais il leur manque de la fraîcheur, de la joie, quelque chose qui attire davantage le regard. Les textes sont à l'avenant. Ainsi, chaque chanson met en avant un animal victime des hommes, que ce soit du fait de la pollution ou de la consommation de viande. On a ainsi une mésange victime d'un réverbère qui se fait happer par l'épervier, une vache qui cherche son veau égorgé le matin même, un maquereau qui est empoisonné au mercure sans oublier le dernier lion de l'Atlas enfermé dans sa cage. Même si le fond est exact (nul ne remet en cause la catastrophe écologique en cours), on est dans une vision culpabilisante de l'écologie. Il n'y a pas d'émerveillement devant le monde qui nous entoure, juste le constat de sa destruction progressive, mis à part le modeste hymne à la vie final. Il est difficile pour un parent de faire écouter autant de textes pessimistes à la suite à son enfant.
Musicalement, cependant, le disque vaut l'écoute. Plusieurs styles musicaux sont représentés, du rock au chant a cappella en passant par la java. Les chansons sont plutôt courtes, adaptées à l'attention d'un jeune public. Les alternances entre les voix solistes, les chœurs, les enfants et les adultes sont fluides et bien menées. Le rythme est parfois dansant, parfois celui d'une berceuse. Une belle recherche et cette créativité permettent ainsi aux musiciens professionnels et amateurs présents sur le projet de tous participer avec un résultat musical de qualité. Il est donc dommage que le pessimisme général du propos entrave ce qui est un bel exemple de projet d'éducation et d'insertion par la culture.
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