- ResMusica - https://www.resmusica.com -

Maurizio Pollini déçoit dans les opus 101 et 106 de Beethoven

L'intégrale des sonates de Beethoven par a marqué l'histoire de l'interprétation. Aujourd'hui le maître italien revient aux dernières sonates, pour un résultat discutable malheureusement. 

L'extrême rapidité des tempos de Pollini (recherchant les indications métronomiques de Beethoven ?) leur donne un caractère précipité sinon bousculé marqué par quelques imprécisions et une brutalité de ton désagréable. Son Hammerklavier dure au total cinq minutes de moins que sa version légendaire de 1977 sans la supplanter. Il fait montre d'une sonorité empreinte d e dureté, et d'une sécheresse de ton assez rédhibitoire. Dans une page à l'écriture aussi dense, on attendait du maître italien au moins une clarté des plans sonores qui n'est pas toujours au rendez-vous. Pire, certains passages des mouvements extrêmes sont même bousculés, et d'une mise en place imprécise notamment dans l'impressionnante fugue du finale. Certes l'adagio se débarrasse de ces défauts mais son tempo là encore très vif amoindrit la portée de ce mouvement immense, presque unique dans l'histoire du piano. Que nous sommes loin de la puissance marmoréenne de Guilels ou de l'intensité hypnotique de Sokolov pour prendre deux pianistes distribués chez le même éditeur et qui ont marqué l'œuvre d'interprétations inoubliables. L'opus 101 (où l'on entend distinctement Pollini fredonner) est affecté des mêmes défauts, en particulier dans un finale dont la conclusion souffre d'une brutalité excessive.

a tellement marqué l'histoire de l'interprétation pianistique du XXᵉ siècle que c'est une vraie tristesse d'entendre cette lecture peu convaincante malgré quelques beaux moments incontestables. On préfèrera en rester aux gravures précédentes du maestro et oublier cette relecture trop tardive ou, à tout le moins, trop inégale.

(Visited 2 435 times, 1 visits today)