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Franz Welser-Möst dirige des Bruckner impeccables mais sans grand relief

Du chef autrichien , titulaire de l'orchestre de Cleveland et ancien directeur musical de l'Opéra de Vienne, voici que sont publiés dans ce coffret de 5 DVD des concerts rassemblant les cinq symphonies les plus jouées de Bruckner. 

Né en 1960 à Linz, ville historiquement associée à Bruckner qui y fut organiste, est depuis vingt ans le chef de l'orchestre de Cleveland, qu'il décrit comme le plus européen des orchestres américains. Rien de surprenant donc à ce qu'il ait une prédilection particulière pour les symphonies du maître autrichien. Le coffret publié par Arthaus réunit les cinq symphonies les plus célèbres enregistrées à l'abbaye de Saint Florian pour les 4ᵉ et 5ᵉ, au magnifique Severance Hall (du nom d'un des grands mécènes de l'orchestre) de Cleveland pour les 7ᵉ et 8ᵉ et au Musikverein de Vienne pour la 9ᵉ. Dans toutes ces oeuvres, la qualité de l'orchestre est en effet bluffante avec des cordes somptueuses aux reflets mordorés, des bois élégants et des cuivres puissants sans jamais être écrasants comme ils le sont si souvent dans d'autres grands ensembles américains comme celui de Chicago.

Mais c'est plutôt la direction de qui nous laisse sur notre faim. Certes, les tempos sont toujours mesurés, les équilibres sonores préservés, mais toujours avec une réserve qui confine à une certaine froideur, voire indifférence. En DVD, nous disposons des témoignages émouvants de Günter Wand, de la belle intégrale de Gergiev avec l'Orchestre philharmonique de Munich, entièrement captée à Saint Florian également, et surtout des deux intégrales de Christian Thielemann, à Dresde et à Vienne. Seule particularité notable de Welser-Möst, il retient l'édition Korstvedt de la version révisée de 1888 de la Symphonie n°4 ainsi que, au contraire, l'édition initiale (1887) de la 8ᵉ, rarement jouée. Pour ces deux œuvres, il est sans concurrence en DVD actuellement ; mais globalement, ces interprétations respectables mais trop neutres se placent derrière celles citées plus haut. En bonus, le chef livre quelques réflexions sur Bruckner mais qui restent au niveau des généralités, nettement moins intéressantes et fouillées que les entretiens avec Thielemann qui accompagnent ses propres DVD.

Un coffret qui réunit des interprétations d'un classicisme impeccable mais peu personnel et des versions inusuelles pour les 4ᵉ et 8ᵉ symphonies, sans défaut majeur, mais aussi sans grand relief.

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