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Sébastien Llinares dépasse les frontières stylistiques avec la transcription

Pour ce concert à la Maison du Savoir de Saint-Laurent-de-Neste, nous pensions retrouver la version live de l'enregistrement de Sébastien Llinares autour de l'œuvre d'Erik Satie. C'est finalement « l'esprit » du compositeur – mais surtout du transcripteur – qui est retracé durant cette heure de guitare (classique ?).

Dès sa première intervention évoquant le cycle des trois premières Gnossiennes qu'il vient d'exécuter, Sébastien Llinares met en avant son travail de transcription pour décloisonner le répertoire de la guitare classique. Le guitariste présente donc cette démarche initiée avec l'œuvre pour piano d', qui lui a ainsi permis, selon lui, de « traverser les frontières stylistiques » par la suite, tout en maintenant un socle qu'est celui de la guitare « classique ». On s'éloigne donc du titre du concert proposé, « L'esprit de Satie, hier et aujourd'hui », même si quelques œuvres de Satie sont interprétées, pour s'inscrire dans la volonté du guitariste d'une musique accessible au plus grand nombre.

A l'écoute de Sébastien Llinares, on comprend que le musicien cherche ainsi à montrer ce qu'est la guitare classique. Son premier « essai » se base sur l'une des œuvres les plus connues de l'un des grands noms de la guitare électrique : Castle made of sand de Jimi Hendrix. Nos premières interrogations nous viennent lorsque l'on retrouve les différents modes de jeu caractéristiques de la guitare électrique durant cette adaptation : voyage-t-on de style en style de cette manière comme l'affirme pourtant le musicien ?

Dans le même ordre d'idée, le guitariste choisit ensuite de mêler deux pièces : l'une brésilienne, qualifiée de « populaire », Valsa sin nome de Baden Powell ; et l'une qualifiée de « classique », Mazurka Choro d'Heitor Villa-Lobos. A l'auditeur d'identifier l'une et l'autre même si le petit jeu proposé par l'interprète est aisé pour des oreilles un peu averties. Même exercice avec le jazz : Django de John Lewis, qui soulève une nouvelle interrogation, puisqu'apparemment, « grâce à , on brouille encore les frontières » (quel est le lien ?), puis avec Over the Rainbow d'Harold Arlen. La musique pop n'est pas oubliée avec le célébrissime Alleluia de Leonard Cohen et Vibrate de Rufus Wainwright. Suite à cette démonstration, doit-on penser que la « guitare classique » ne se résume qu'à l'instrument puisque nous identifions les différents styles de toutes ces propositions et les modes de jeu qui en découlent naturellement ?

Du côté des œuvres d', nous passerons sur le début du concert que l'interprète, avec fair play, reconnaît lui-même en fin de concert, comme « raté » ; les problématiques de transport liées à la grève du jour ayant pris le pas sur la concentration de l'artiste pour « rentrer » dans son interprétation des trois premières Gnossiennes. Nous retracerons donc seulement la Gnossienne n°1 de Satie rejouée en bis plutôt que le cycle des trois premières pièces exécutées en début de soirée, tout comme les Gymnopédie n°1 et 3 et la valse tout droit sortie du monde du cabaret Je te veux. La sobriété du jeu, voir la simplicité, est véritablement agréable, apaisante, calme, attendrissante, voire introspective à certains moments… le musicien faisant pleinement confiance à la subtilité tout autant qu'à la limpidité des lignes du compositeur. Pas d'effusion, pas d'éclat ni de virtuosité : l'essentiel d'Erik Satie tout simplement.

Crédits photographiques : © Joël Le Poëzat

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