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Un nouvel Elixir d’Amour très réussi à Rennes avec Perrine Madoeuf

En plein week-end Tous à l'Opéra, l'Opéra de Rennes fait le plein et suscite un accueil très enthousiaste avec sa nouvelle production de L'Élixir d'Amour de Donizetti, dans une mise en scène de d'où ressort des épis de maïs la très belle Adina de .

Quoi de mieux qu'un melodramma giocoso de la période bel cantiste pour fédérer tout le monde à l'opéra ? Si la question n'attend pas vraiment de réponse, l'accueil du public rennais à la fin de la représentation de L'Élixir d'Amour semble démontrer la très bonne idée d'avoir programmé un tel ouvrage en cette période de morosité ambiante. Et pour ce faire, le directeur Matthieu Rietzler a fait appel à une nouvelle équipe scénique, sous la coupe de , pour transporter l'action dans une exploitation agricole gérée par des gitans. L'excellente production parisienne de Pelly met en valeur les ballots de paille, Rennes et bientôt Angers, Nantes et Nancy se retrouvent avec des épis de maïs !

Pour le reste, l'orientation est clairement tournée vers le bouffe, ou tout le monde surjoue, mais avec une véritable capacité à faire rire et à se concentrer sur la qualité du livret, toujours aussi drôle. Dans un décor conséquent (Alwyne de Dardel) où l'on préfère le tapis roulant à la fausse fusée/silo/boîte de nuit kitch du fond, c'est par des couleurs chaudes qu'on retrouve également dans les costumes (Marianne Delayre) et les lumières (Paul Beaureilles) que l'on profite des nombreuses situations comiques. Et pour ambiancer tout cela, on trouve notamment Dulcamara, ici gentiment alcoolique et ringard grâce à , aussi risible dans ses scènes de groupe qu'intéressant pour son air, particulièrement bien dynamisé par la trompette solo en fosse. Dans ce qui semble être les années 60, entre en habits de soldat avec une prononciation volontairement trop appuyée sur de nombreux passages, livrant de beaux graves quand il le faut. campe une Giannetta heureuse, un peu avide de souffle dans la longueur, tandis que le se fait remarquer par la qualité de sa préparation (Gildas Pungier et Guillaume Rault).

Bien évidemment, il ressort avant tout de cette distribution très française – en alternance avec une seconde plus italienne – les deux premiers rôles. Et si le ténor niçois Matthias Vidal, grand habitué du répertoire baroque, en fait beaucoup trop scéniquement comme vocalement en Nemorino, jusqu'à Una Furtiva lagrima peu sensible, (annoncée juste remise d'une laryngite quelques jours plus tôt) illumine Adina. Puissante à l'aigu, elle délivre ses parties avec éclat et justesse jusqu'à ressortir superbement des ensembles, en même temps qu'elle surjoue beaucoup moins que son amant et touche avec l'aria Prendi, per me sei libero.

Pour galvaniser tout ce monde, bien aviné par un élixir qui n'est autre que du Bordeaux, la jeune cheffe (découverte sur ResMusica au concours de Manchester en 2020) marque par son énergie pour sa première direction musicale d'un opéra. Sans rechercher le style italien et avec un jeu encore parfois trop droit, elle insuffle une grande dynamique à la partition, en même temps qu'elle parvient à faire sonner d'une façon particulièrement animée l'Orchestre nationale de Bretagne. Toujours fort (parfois un peu trop), l'ensemble emporte tout dès l'ouverture, jusqu'à communiquer la même énergie au public, rarement entendu aussi chaleureux dans ses applaudissements aux saluts.

Crédits photographiques : © Julien Mignot

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