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Christophe Garcia illumine Les Nuits d’été de Berlioz à l’Opéra de Rennes

Pour les vingt ans de sa compagnie , dans laquelle danse, théâtre et musique se répondent, propose un projet ambitieux réunissant sept danseurs, six musiciens et une chanteuse lyrique autour des Nuits d'été de Berlioz.

Dans le merveilleux écrin de l'Opéra de Rennes, les spectateurs entrent par les coulisses puis traversent le plateau où danseurs et musiciens s'échauffent déjà, avant de rejoindre leurs fauteuils. Une façon d'abolir le plus possible les frontières, thème cher à , qui a souhaité une véritable osmose entre les différents artistes sur scène, tous habillés de la même façon pour marquer un peu plus l'appartenance à une même « meute » selon les termes du chorégraphe. Dans sa mise en scène également, revendique le mélange : lumières tamisées, projections, hologrammes brouillent les pistes de ce qui est réel ou ne l'est pas, entre rêve (songe d'une nuit d'été ?) ou réalité. Au cours du spectacle, les musiciens se déplacent sur le plateau et parfois se laissent entraîner dans la course des danseurs, autour de la merveilleuse mezzo-soprano qui illumine la pièce de bout en bout par sa présence solaire et la pureté de son chant.

Médaillé d'or du Conservatoire de danse d'Annecy, Christophe Garcia a fait ses gammes au sein de l'École Atelier Rudra Béjart, puis au Béjart Ballet Lausanne, avant de créer sa propre compagnie, à 19 ans seulement. Avec cette pièce originale qu'il a porté pendant quatre ans, il revendique son amour du romantisme en mettant en scène les différents états amoureux. Suivant les six poèmes de Théophile Gautier mis en musique par Berlioz et ici arrangés par le talentueux (sélectionné lors du GPLC 2022) pour six musiciens (Vincent Buffin à la harpe, Elsa Loubaton à la clarinette et clarinette basse, Antoine Paul au violon et alto, Tristan Pereira aux percussions, Amélie Potier au violoncelle et Coline Richard à la flûte), les danseurs cherchent à exprimer tour à tour la joyeuse légèreté des débuts ou la désillusion de la perte, notamment dans des duos enlevés. Les musiciens, comme leur chef (chef principal de l'Orchestre de Caen notamment), font preuve d'une étonnante plasticité pour diriger ou jouer tantôt assis tantôt debout, à différent points du plateau. Aux six poèmes mis en musique par Berlioz, Christophe Garcia a tenu à en ajouter un septième, également de Théophile Gautier : Adieux à la poésie. Le compositeur signe un élégant morceau électroacoustique pour accompagner ce long final dans lequel les danseurs recherchent difficilement l'apaisement après une traversée éreintante des sentiments les plus violents. L'interprétation magique d' alliée à la subtilité de l'adaptation de Berlioz dirigée de main de maître par contrastent étonnamment avec l'énergie brute déployée par les danseurs dans une chorégraphie qui, on le regrettera, manque parfois de nuances. Après la première à l'Opéra Grand Avignon et le succès à l'Opéra de Rennes, Les Nuits d'été iront à Angers puis à l'opéra de Massy en février 2024.

Crédits photographiques : © Jean-Charles Verchère

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