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Un gala fleuve pour fêter les 75 ans des éditions G. Henle à Munich

Ouvert par et , le gala célèbre le répertoire classique qui fait le programme de la maison.

Des tonnes d'acier et des kilos de papier : le fondateur des éditions G. Henle était avant tout un grand patron dans l'industrie lourde de la Ruhr, accessoirement un homme politique et, avec passion, un mélomane. En 3 h 30 de concert, les éditions Henle fêtent leur 75e anniversaire, accompagné par un livre retraçant cette histoire. Les partitions ont depuis gardé leur couverture bleu-gris et leur ambition philologique : certes, elles sont d'abord destinées aux musiciens eux-mêmes et ne prétendent pas rivaliser avec les éditions critiques accompagnées de leurs apparats critiques, mais le but de Günther Henle était de proposer le meilleur texte possible, pour leur assurer une partition fidèle aux intentions du compositeur, un Urtext, comme le rappelle chaque couverture jusqu'à aujourd'hui. Le programme du concert reflète ce programme : même si le catalogue de la maison est aujourd'hui large, il se concentre toujours sur le cœur de répertoire classique, de Haydn à Prokofiev.

C'est au Prinzregententheater qu'a lieu la soirée, sur la très chic Prinzregentenplatz, à deux pas du lieu où Henle a fondé sa maison d'édition en 1948, dans un logement appartenant à sa famille. ouvre le programme, comme toujours seul, avec la Sonate n°13 KV 333 de Mozart qui fait partie du programme qu'il interprète actuellement partout dans le monde : on ne peut que s'incliner devant ce Mozart d'une fraîcheur insensée, incisif et libre, où chaque note est pensée sans interrompre le flux musical, où tout est essentiel et immédiatement sensible.

qui lui succède est originaire de Duisburg, la ville où la famille Henle vit au plus près de ses intérêts industriels, et il en a reçu le soutien depuis l'enfance. La sonate de Brahms qu'il joue avec est, nous dit-on, une des œuvres préférées de Günther Henle. Leur interprétation ne cède pas plus au cadre festif de la soirée que Sokolov : c'est l'émotion intérieure qui prime, avec une constante qualité de son même dans les allègements et les piani les plus pudiques. Helmchen et Zimmermann sont en parfaite harmonie : les deux musiciens proposent un dialogue musical où l'émotion prime sur le désir de briller, en un véritable dialogue chambriste.

Le reste de la soirée est consacré à des œuvres concertantes, avec le concours du Münchner Kammerorchester dirigé par , lui aussi étroitement associé à la maison Henle, et avec des musiciens d'une autre génération. C'est d'abord l'altiste qui occupe le devant de la scène avec la courte Romance op. 85 de , compositeur que les éditions Henle défendent avec constance. Les qualités mélodiques de l'œuvre permettent au soliste de briller, mais elle n'est pas beaucoup plus qu'un agréable moment un peu superficiel.

Pour le concerto de Schumann, la pianiste n'est pas toujours très audible quand le piano est fondu dans l'orchestre, sans doute pour des raisons acoustiques – le piano est très proche du premier rang, et les côtés de la partie inférieure de l'amphithéâtre ne sont pas sur les chemins privilégiés de diffusion du son. Ce qu'on peut en entendre est pourtant séduisant, avec une légèreté, une fantaisie pétillante qui ne sont pas si communes dans cette œuvre qui est pourtant loin d'être l'incarnation du romantisme germanique le plus sombre. Hélas, l'orchestre manque d'élégance et de séduction sonore, ce qui fait qu'on peine à maintenir l'attention.

Pour finir, le Triple concerto de Beethoven place sur le devant de la scène , et , un trio qui fonctionne bien, occupe la scène autant qu'il faut, mais laisse toute sa place à l'orchestre, qui est cette fois plus convaincant, plus allégé, sans doute parce que l'écriture de Beethoven l'oblige moins à forcer pour compenser son effectif somme toute réduit par rapport à nos habitudes. On peut imaginer un dialogue plus inventif, un peu plus de fantaisie dans une œuvre qui n'a pas peur de l'extraversion, mais cette dernière partie clôture dignement une soirée véritablement festive d'abord parce que c'est la musique et elle seule qui est au centre de la fête.

Photos : © Harald Hoffmann (Zimmermann), Mateusz Zahora (Huangci)

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