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Assembly Hall : quête néo-médiévale au Théâtre de la Ville

Pour leur troisième création commune de danse-théâtre, et nous plongent avec la compagnie canadienne dans les mirages néo-médiévaux d'une vie communautaire à l'anglo-saxonne.

poursuit une double carrière de chorégraphe. Côté face, elle sculpte les mouvements de larges masses de danseurs pour des compagnies prestigieuses, comme le Ballet de l'Opéra de Paris ou, très prochainement au Théâtre des Champs-Elysées, le Ballet de Norvège. Côté pile, elle est associée au chorégraphe et dramaturge avec lequel elle signe aujourd'hui sa troisième pièce de danse-théâtre, après Betroffenheit et Revizor.

Commençant comme une assemblée générale ordinaire, figure familière du monde associatif, la situation décrite par les deux créateurs dans Assembly Hall semble normale, mais dérive progressivement vers une scène alternative, celle de la reconstitution brumeuse d'une quête médiévale. L'objet de l'association – baptisée Ordre bienveillant et protecteur – est en effet la reconstitution annuelle d'une ancienne coutume médiévale, la Fête de la Quête, prétextes à de larges tableaux dansés, inspirés de l'iconographie des batailles.

Une fois passée les figures imposées de la réunion associative, ordre du jour, présentation des motions, vote à main levée, prises de parole – toutes chorégraphiées et soulignées de dialogues enregistrés – les danseurs passant d'une chaise disposée en arc de cercle à l'autre, la mise en scène décale progressivement l'action de la scène à l'arrière-scène, masquée par un rideau, qui s'ouvre sur un décor de forêt brumeuse. Il est ici question d'un chevalier ayant tué le bien-aimé d'une femme éplorée.

La différence de registre s'éprouve dans l'utilisation du décor, celui d'une salle des fêtes abîmée, délaissée, qui n'est pas sans évoquer la salle des fêtes de Kontakthof de Pina Bausch, figure du Tanztheater, à laquelle une autre allusion est faite à travers le personnage de la femme en robe de bal et cheveux longs dénoués. C'est le lieu des visions chimériques, d'un Moyen Âge mythique peuplé de chevaliers, d'armures et d'épées rutilantes.

Contrairement à ses deux pièces de danse théâtre précédentes, ménage dans Assembly Hall une plus large place à la danse non narrative. Dans la deuxième partie de la pièce, notamment, des solos et des duos se succèdent au centre de la scène, dans une urgence nouvelle de danser. On retrouve dans ces éclats de danse plutôt convaincants la patte de la chorégraphe sur ses grands formats chorégraphiques.

Crédits photos : © Michael Slobodian © Sasha Onyshchenko

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