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Les joies du pasticcio dans le Paris de 1801

Transpositions et arrangements en tous genres pour un programme destiné à transplanter le théâtre dans le salon parisien du premier romantisme. Exquise interprétation de , et l'.

Un disque comme on les aime, qui associe théorie et pratique, recherche musicologique et interprétation musicale. Comme l'indique le passionnant texte de présentation de , pianiste et directeur de l' mais également doctorant à l'Orpheus Instituut de Gand, le projet artistique dont il s'agit ici est parti de deux objets historiques : un piano français Érard daté de 1806, mais également l'opéra Les Mystères d'Isis créé à l'Opéra de Paris durant l'été 1801. Depuis quelques années, ce pasticcio réalisé par le compositeur , largement compilé à partir d'extraits de La Flûte enchantée mais également d'autres ouvrages de Mozart ou autres compositeurs, nous est connu.

Ce nouvel album illustre à la fois le goût du pastiche caractéristique d'une époque où les lois de l'authenticité n'étaient pas ce qu'elles sont aujourd'hui, mais également à quel point la musique du début du XIXᵉ siècle se composait et se jouait pour et dans les salons. D'où la nécessité de procéder à des arrangements pour effectifs instrumentaux généralement réduits, ce dont les arrangeurs de ce CD se sont acquittés avec talent, s'inspirant des théories et des techniques en vogue autrefois, expliquées simplement et efficacement dans le texte de présentation.

Outre les trois extraits des Mystères – parmi lesquels on reconnaîtra l'ouverture et l'air de Tamino extraits de La Flûte, sans oublier l'air d'Anna de Don Giovanni « Or sai che l'onore », traduit et recontextualisé –, on entendra deux extraits de deux grands tubes opératiques de la période, Il matrimonio segreto de Cimarosa et Nina, o sia la pazza per amore de Paisiello. Autour de ces airs relativement connus se greffent diverses pièces vocales et instrumentales de compositeurs à redécouvrir comme , , et , sans oublier une rareté de ou une adaptation très réussie d'un mouvement du Concerto pour piano n° 25 de Mozart. On comprend qu'en ces années-là, après tous les tourments politiques traversés en ces années postrévolutionnaires, se soit manifesté un tel besoin de mélodies et de suavité.

Qu'il s'agisse du violoniste Roldán Bernabé, du flûtiste Nicolas Bouils, de la violoncelliste Amaryllis Jarczyk ou de au piano, tous les instrumentistes associés au projet sont excellents et n'ont aucun mal à convaincre de la viabilité de l'entreprise. La soprano fait valoir un instrument peut-être un peu corsé pour les romances dont elle a à s'acquitter, mais qui convient parfaitement, en revanche, aux fureurs de Myrrène / Dona Anna. On retrouve avec le plus grand bonheur l'élocution toujours aussi parfaite, en français comme en italien, de , exquis Paolino et élégiaque Isménor / Tamino, parfaitement à sa place musicalement dans toutes les autres pièces vocales. Un CD qui fera du bien au cœur comme à la tête.

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