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Atalia de Gasparini, bijou lyrique baroque par l’ensemble Hemiolia

Bijou de la musique baroque oublié, l'oratorio de inspiré de l'Athalie de Racine est défendu au disque par des interprètes impliqués, que l'on attend désormais sur scène pour défendre avec autant de justesse la morale d'Atalia.

Pour arriver au trône, Athalie n'a pas hésité à exiger l'assassinat de toute la lignée royale. Mais l'usurpatrice a trop vite oublié le jeune enfant Joas sauvé de cette tuerie, qui, accompagné de sa nourrice, sera, après sept ans d'attente, porté au trône. La fidélité du peuple du souverain pontife aura raison de la fureur d'Athalie qui sera chassée, puis piteusement tuée selon les ordres du grand Prêtre.

La tragédie de Racine fut mise en musique seulement un an après sa création, probablement dans le cadre du Carême de 1692 au noble Collegio Clementino de Rome, par le compositeur le plus prolifique de l'époque : (1661-1727). De celui-ci, il nous reste peu de sa soixantaine de cantates, opéras et oratorios dont les partitions ont été peu conservées. Professeur de Benedetto Marcello, Johann Joachim Quantz ou encore Domenico Scarlatti, sa réputation était solide à son époque avec son traité de basse continue L'amonico pratico al cimbalo devenu une référence à sa publication en 1708 jusqu'au milieu du XIXe siècle.

Il est pourtant étonnant que l'on ne se soit pas plus tôt intéressé à cet oratorio. D'abord par les ressources raisonnables demandé par Atalia, deux parties d'une heure quinze avec quatre instruments (deux violons, un alto et une basse continue), ponctués par deux trompettes, et seulement quatre personnages : la reine Athalie (), le grand prêtre Joïada (), le général Ormano () et la nourrice de Joas () ; ces personnages pouvant même faire office de chœur, celui n'intervenant qu'à la fin de l'ouvrage pour chanter le triomphe de la vertu.

Ensuite, par le foisonnement musical de ces cinquante-quatre numéros caractérisés par leurs innovations musicales et des atmosphères changeantes. Au regard des effets dramatiques de l'ouvrage, Atalia a tout d'un opéra, une synthèse entre le style romain post Stradella et le style vénitien tardif comme l'indique Jorge Morales dans sa notice de présentation de cet « oratorio corellien ». Une influence soulignée par l', qui choisit comme prélude le Concerto grosso n°5 opus VI du maître (superbe premier violon !). La direction d' n'opte pas pour la facilité en ne se jetant pas dans la flamboyance d'une sauvagerie orchestrale continue, mais plutôt en renouvelant sa vision tout au long du drame, dépeignant par exemple avec mesure et élégance une ambiance cotonneuse pour le monologue d'Athalie « Ombre, cure, sospetti », point culminant de l'œuvre, et avec expressivité et un jeu incisif la variété rythmique de l'orchestre dans le chœur « Oh che fierezza ! Non v'è pietà ? »

Du côté des voix, on souligne le superbe chant du Grand Prêtre « Datti pace, forse un giorno » où la basse de fait merveille, ainsi que la verve et la vaillance du capitaine de la garde de présent tout au long de la première partie pour contrer avec intelligence l'usurpatrice. Les ornements fournis de concluent agréablement le drame. Un choix compositionnel qui, selon la notice de présentation, illustre la victoire de la simplicité, le dernier air de ce drame sacré « La staggion ch'è più severa » étant confié au personnage secondaire qu'est la nourrice. doit incarner la despotique Athalie. Sensuelle tout autant qu'haineuse, l'intensité des accents furieux de la soprano est marquante, celle-ci relevant avec une théâtralité incarné l'air phare qui débute la seconde partie de l'ouvrage, passant de l'arioso au récitatif et à l'aria avec une évidence confondante.

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