Réouverture officielle du Grand Palais dans son dispositif estival avec Vertige de Rachid Ouramdane et Nathan Paulin sur toute la hauteur de la nef. Spectaculaire !
Vêtus de blanc, huit highliners sont juchés, chacun sur son fil de fer, à près de 35 mètres au-dessus du sol, sous la verrière du Grand Palais. Comme des oiseaux perchés sur un fil électrique à haute tension, ils nous regardent de très haut. C'est Nathan Paulin, highliner qui collabore régulièrement avec Rachid Ouramdane pour des spectacles portant sur la grande hauteur comme Outsider ou Corps extrêmes, qui dirige cette équipe de funambules modernes n'ayant pas peur du vide.
Cinq ans après sa fermeture pour travaux – et une utilisation déjà très (trop, à en croire les escaliers déjà abimés ?) intensive depuis un an entre les Jeux Olympiques 2024 et les nombreuses foires que la nef a accueilli cet hiver – c'est la danse qui marque à nouveau la réouverture du Grand Palais avec ce grand spectacle pluridimensionnel qui rappelle le principe de Möbius Morphosis, le spectacle d'ouverture des Nuits de Fourvière à Lyon l'an dernier, avec les danseurs du Ballet de l'Opéra de Lyon, habillés tout en noir.
Au ciel, donc, les highliners. Sur le balcon du majestueux escalier de fer, les chanteurs de la Maîtrise de Radio France. Sur le grand plateau carré tendu de blanc, les danseurs voltigeurs de la Compagnie de Chaillot, déjà au cœur de Contre-nature, la dernière création de Rachid Ouramdane. Enfin, en fond de « scène », Christophe Chassol, Mathieu Edouard et Jocelyn Mienniel interprètent une création originale.
La dimension monumentale de la nef rend difficile la réunion visuelle de ces trois ou quatre dimensions, tant le regard est happé par des directions différentes, mais les interprètes y parviennent cependant, comme lors de la jonction d'un « oiseau » du haut et d'une danseuse du bas ou la constitution de tours humaines mêlant adultes et adolescents. On admire alors tout le savoir-faire de Rachid Ouramdane qui sait mettre en mouvement les corps sur ce très vaste espace et leur permettre de se croiser lors d'un fugace porté ou une brève envolée.
Là-haut, on danse aussi, tandis que s'envolent les notes cristallines et lumineuses du chœur d'enfants de la Maîtrise de Radio France, remarquablement dirigée par Sofi Jeannin. La musique composée par Christophe Chassol est en effet particulièrement intéressante et riche dans ses parties vocales et l'acoustique, qui pourrait être écrasante du lieu, se libère pourtant de toute pesanteur. Les jeunes choristes apportent alors au spectacle un supplément de grâce et de légèreté.
Proposant tout l'été une programmation d'expositions et d'installations, comme celle d'Ernesto Neto également inaugurée hier soir, le Grand Palais d'été accueillera de nouveau de la danse : Le Grand Bal Brésil le 5 et une Parade brésilienne le 6 juillet, dans le cadre de la Saison France Brésil, Amala Dianor le 8 juillet, Josépha Madoki le 12 juillet et enfin Cercles de Boris Charmatz, avec sa compagnie Terrain du 17 au 19 juillet. Créé l'été dernier au Festival d'Avignon, ce spectacle participatif permettra au chorégraphe de fermer la boucle entamée avec La Ronde, il y a près de cinq ans, lors de la fermeture pour travaux du Grand Palais.