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Lili et Nadia Boulanger, une disparition de Maleine

La collection « Supersoniques » de la Philharmonie de Paris consacre son dernier titre à Lili et .

Après Satie, Bartók et Liszt, c'est au tour des sœurs Boulanger d'avoir leur petit livre « qui raconte par l'écriture et l'image le pouvoir d'invention de la musique et des sons ». Ainsi, comme toujours dans cette collection, deux auteurs, l'un écrivain, l'autre dessinatrice, proposent un récit poétique et imagé d'une grande sensibilité. Ni biographie, ni essai bien que documenté, l'ouvrage procure des impressions, ouvre des pistes de recherche et d'écoute. Chacun des huit chapitres porte le nom d'une œuvre de qu'on retrouve en fin d'ouvrage dans une Playlist (Attente, les Sirènes, Clairières dans le ciel...).

Ernest et Raissa les parents Boulanger, l'appartement rue Ballu, l'enfance des deux sœurs, leurs liens étroits, la personnalité, le talent de chacune sont abordés de façon condensée mais efficace sous la plume de Léo Henry. Puis le récit se concentre sur Lili et La Princesse Maleine, son opéra entrepris deux ans avant sa mort et resté inachevé, sa rencontre et ses discussions avec Maurice Maeterlinck qui rêve de voir adapter sa pièce de théâtre à l'instar de son Pelléas et Mélisande par Debussy, le contrat avec l'éditeur Ricordi… Après la mort prématurée de Lili à 24 ans en 1918, Nadia vivra encore 61 ans, jusqu'en 1979, date sur laquelle s'arrête l'avant-dernier chapitre relatant les derniers instants de la légendaire Mademoiselle admirée de tous, tandis que le dernier est consacré en partie aux trois carnets à reliures de cuir rouge, ceux qui contenaient Maleine et qui ont mystérieusement disparu.

En touches évocatrices et rêveuses, les illustrations d'Elodie Durant ponctuent la lecture. Des feuilles d'arbres se font instruments à côté de représentations plus réalistes concernant les moments forts de la vie des musiciennes : la reconnaissance de Lili en tant que compositrice avec son grand prix de Rome en 1913 pour la cantate Faust et Hélène,  son buste sculpté à la Villa Médicis en 1916 par Lucienne Heuvelmans, la gazette des classes du conservatoire réalisée par les sœurs pendant la Grande guerre, les leçons de Nadia, la grande pédagogue…

A la fin, une page explique le sort des archives de Nadia et , le partage entre plusieurs institutions, la mystérieuse malle et la disparition de La Princesse Maleine dont seule la scène du premier acte a été retrouvée. Et nous songeons à ces trois carnets rouges qui contiennent l'opéra inachevé de . Vus encore en 1968 dans la vitrine d'une exposition, ils doivent dormir quelque part en attendant de ressurgir un jour. Il ne peut en être autrement.

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