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Intégrale enrichie des écrits et correspondances de Maurice Ravel

L'édition enrichie des écrits et correspondances de rassemblés par marque davantage une avancée patrimoniale que musicologique. 

La première publication en 2018 de la correspondance et des écrits de Ravel, une somme de plus de 2600 documents, avait résonné comme un « coup de tonnerre » dans la musicologie ravélienne, comme l'indique , le directeur du département de la musique de la Bibliothèque nationale de France (lire notre entretien publié dernièrement). Cette nouvelle édition voit un changement d'éditeur, du Passeur à la prestigieuse maison Gallimard, et s'enrichit de 250 documents supplémentaires (soit un total de 2 916 documents), dont nombre de correspondances entre proches et personnalités qui évoquent Ravel. Le travail colossal de s'est nourri du fonds de la BnF (constitué initialement des papiers du compositeur dans sa maison de Montfort-l'Amaury et d'un don du Dr Robert Le Masle) et d'autres bibliothèques et de collections privées, mais en retour il contribue à enrichir les collections nationales. C'est ainsi que depuis 2022 l'association des Amis de Ravel, dont il est le président, fait don de ses propres acquisitions à la BnF. Preuve d'une belle synergie entre le dynamisme des énergies individuelles et la pérennité des institutions.

Cette nouvelle édition comporte des ajouts intéressants, sans modifier les équilibres de la parution initiale, dont la recension parue en 2018 est juste et d'actualité : correspondance souvent factuelle dont l'intérêt est dans la cartographie des relations du compositeur (Cornejo estime qu'il manque la moitié des correspondances, soit encore 2 000 documents), apport essentiel des écrits et entretiens, appareil critique de grande qualité, l'ensemble se prêtant à une exploitation numérique future.

Parmi les nouveautés de cette édition, a exhumé des courriers de Ravel à son propriétaire du 4 avenue Carnot (17e à Paris) de la Première Guerre mondiale, ou à son amie Lily Palovsky. On retient ce courrier piquant d' à Arnold Schoenberg en 1920, alors que Ravel habite chez elle :  » (…) c'est un homme vraiment curieux. Une catégorie d'artiste que nous ne connaissons pas du tout ici. Il passe la moitié de sa journée à s'habiller. Elégant, raffiné. Sa chambre exhale 100 parfums. J'ai l'impression que cela doit s'entendre dans sa musique… ?! ». Ou les courriers du chef d'orchestre portugais , proche de Ravel, et qui se réjouit en 1931 que Ravel lui propose (en s'excusant de la modicité de sa proposition) un cachet de 2 000 francs (soit près de 1 500€ d'aujourd'hui) alors qu'il en coûtait aux artistes entre 6 000 et 20 000 francs pour pouvoir jouer ou diriger un orchestre dans la capitale. On déniche aussi le scepticisme de Ravel dans un article de 1931 sur la musique filmée (document n°2 890) : « Non, cela ne me plairait guère qu'on puisât dans mon œuvre. On risquerait trop d'en sortir ce que je n'y ai pas ‘vu' ». Éternelle question du croisement des arts et des sources d'inspiration.

Pas de nouveau coup de tonnerre avec cette édition enrichie, mais plutôt un soleil qui continue sa course ascendante…

Article modifié le 18 juin 2025

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