Un nom un peu compliqué, mais qu'il faudra apprendre à retenir. Dans un programme très classique, Liparit Avetisyan livre la carte de visite de ses grands rôles actuels. On ne pourra pas dire que notre époque manque de ténors…
Nous avions déjà repéré ses qualités de belcantiste lorsque, en modeste Cassio, il donnait la réplique à l'Otello de Jonas Kaufmann. Depuis, Liparit Avetisyan s'est fait un nom dans le monde de l'opéra, où son ténor lyrique fait désormais les beaux soirs des plus grands théâtres de la planète. Même si l'on sent déjà quelques possibilités spinto, qui en font un Faust ou un Rodolfo de La Bohème tout à fait convaincants, son instrument est encore celui d'un belcantiste, particulièrement à l'aise dans la tessiture de L'elisir d'amore, Rigoletto, Lucia et La Traviata. Son avenir dans l'opéra français sera conditionné par son appropriation de notre langue, les critères de diction ayant bien changé, grâce à Alagna, Bernheim, Borras et Dubois, depuis l'époque où les Corelli, Carreras, Domingo et autres Vickers rudoyaient notre langue. Le français de Liparit Avetisyan est correct, mais encore scolaire et appliqué. Sans doute aussi pourra-t-on compter sur lui pour de futures découvertes dans l'opéra russe. Formé à Moscou, le jeune Arménien nous livre un Lenski de grande tenue, que surpasse encore ce qui est vraisemblablement la plus belle plage de cet album, l'air de Vaudémont extrait de Iolanta. Agrémenté de superbes demi-teintes et couronné de très beaux aigus en voix mixte, l'air dévoile tous les pouvoirs de coloration dont est capable notre ténor. Une petite sucrerie arménienne achève un programme sans grande originalité et sans autre fil conducteur que celui de faire découvrir au public lyricomane un interprète sans doute appelé, en raison de la qualité du matériau dont il dispose, à occuper l'espace lyrique de ces prochaines années. Il appartient désormais à Liparit Avetisyan de trouver un style et de cultiver une personnalité vocale qui lui donnera une véritable identité. Il en a en tout cas le potentiel. Très bel accompagnement de Constantine Orbelian à la tête du Kaunas City Symphony Orchestra, formation lituanienne que l'on entend à chaque fois avec le même plaisir.
Soleil vocal avec le ténor arménien Liparit Avetisyan
Publié Par Pierre Degott Sur Dans Audio,Opéra,Parutions | Pas de commentaire(Visited 163 times, 1 visits today)