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Impressions romantiques en compagnie de compositrices oubliées

Le label propose un nouveau volume passionnant dédié à la découverte de la musique pour violoncelle et piano de et .

Le label Présence compositrices poursuit son remarquable travail de redécouverte de la création musicale des femmes à la fin du XIXe siècle avec un nouveau volume dédié à trois compositrices quasi oubliées et à leur musique de chambre, magnifiquement ressuscitée par le (la violoncelliste Natacha Colmez et la pianiste ). Intitulé Impressions romantiques, ce volume consacré aux œuvres pour violoncelle et piano de (1846-1925), (1859-1944) et (1841-1918), va bien au-delà des simples clichés de la « musique de salon » que pourrait laisser entendre le titre.

A partir de 1850, les femmes font leur entrée en classe de composition du Conservatoire de Paris. De seules interprètes, certaines vont devenir compositrices pouvant exprimer entièrement leur personnalité. C'est notamment le cas de , pianiste prodige qui suscita l'admiration et les encouragements de . Elève de Camille Saint-Saëns, Marie Jaëll nous lègue un catalogue de pièces assez ambitieuses pour le piano, dont les étonnantes compositions inspirées par la Divine comédie, dont il existe plusieurs enregistrements, et dont l'influence lisztienne est prédominante. Une influence que l'on retrouve dans l'imposante Sonate pour violoncelle et piano en la mineur enregistrée sur ce nouveau disque. Œuvre tardive, composée entre 1883 et 1886, cette sonate de grande envergure (plus de trente minutes) révèle une magnifique personnalité, très influencée par les grands romantiques allemands (Schumann et Brahms en premier lieu). Que ce soit dans le lyrisme emporté du premier mouvement, un Allegro appassionato portant bien son nom, la densité du piano et les basses appuyées très lisztiennes de l'Adagio, et surtout un final Vivace molto de toute beauté, au beau thème haletant. Le y est remarquable d'équilibre et d'engagement, le violoncelle de Natacha Colmez envoûte par la pureté de son chant, le piano de est bien plus qu'un soutien avec une partie très développée.

Cet engagement, on le retrouve dans l'autre grande pièce de ce disque, la Sonate en sol mineur op.40 de . Fille de Pauline Viardot (1821-1910) et nièce de Maria Malibran (1808-1836), deux des plus grandes cantatrices de leur temps, Louise a grandi dans la musique. C'est pourtant en autodidacte qu'elle se consacre à la composition, avec le soutien de Charles Gounod. Enregistrée en première mondiale, sa Sonate pour violoncelle, composée en 1909 et retrouvée par hasard il y a quelques années à la Bibliothèque nationale de Pologne, méritait largement d'être redécouverte. Notamment pour son mouvement introductif, un magnifique Allegro commodo au lyrisme contenu offrant un merveilleux thème que s'échangent le violoncelle et le piano dans un dialogue équilibré. Humble, dansant ou opératique, les mouvements suivants s'enchaînent sans que jamais aucun ennui ne s'installe. Là encore, on sent l'engagement du pour rendre toute sa grandeur à cette œuvre oubliée.

Les courtes pièces de qui complètent le disque, malgré leur doux lyrisme, paraissent d'aimables intermèdes, entre ces deux grandes sonates qui font véritablement tout l'intérêt de ces « impressions romantiques » de haute volée.

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