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À Radio France, le prince indien, Beethoven et les enfants

Dans la série des Contes de la Maison ronde, destinés au jeune public, Radio France s'est essayé à un croisement a priori surprenant entre une adaptation du Rāmāyana et des quatuors de Beethoven.

Le comédien a condensé et arrangé l'impressionnante somme des aventures du prince Rāma, un des textes fondateurs de l'hindouisme, en un format court et pour trois comédiens : lui-même, et à laquelle échoient entre autres les rôles féminins (notamment Sītā, l'épouse de Rāma). Son intention est de raconter les principales péripéties de l'histoire du prince devenu roi, mais aussi de donner un aperçu des grandes leçons philosophiques contenues dans cette épopée.

La modestie du dispositif, qui contraste avec le déploiement de moyens dont bénéficient les concerts fictions (comme récemment pour une Odyssée au centre de la terre d'après Jules Verne ou La Reine des neiges d'après Andersen), mais qui n'est pas forcément un défaut en soi, semble un peu nuire ici à la dramaturgie. Les trois comédiens, à l'élocution toujours claire, ont beau se démener, changer de costumes et de masques, s'échanger souvent le rôle du narrateur, ils peinent à rendre intelligible une action complexe faisant apparaître de multiples personnages. Pour une production théâtrale il semble manquer quelque chose : des accessoires, des voix plus variées, plus d'effets de mise en scène, une lumière plus travaillée ? Ou peut-être tout simplement de la durée : le texte est débité presque sans temps mort, et si le travail d'adaptation de l'épopée originale n'était certainement pas facile à mener, à plusieurs reprises on sent que des péripéties ont été résumées en une ou deux phrases. Résultat : on reste un peu sur sa faim alors que le spectacle n'a duré que trois quarts d'heure, et les enfants à partir de 5 ans (l'âge minimal indiqué dans le programme de saison) peuvent avoir du mal à s'y retrouver dans cette action menée tambour battant.

C'est d'autant plus dommage que le choix d'accompagner les aventures du prince Rāma par des extraits de quatuors à cordes de Beethoven marche formidablement bien. Même si rien dans cette musique ne rappelle spécifiquement l'Inde, chacune de ses occurrences s'accorde à merveille avec le texte. Que ce soit pour souligner la joie, l'amour, une ambiance inquiétante, la violence (Grande Fugue op. 133 sur la grande bataille finale), pour créer une ambiance épique… ou tout simplement pour introduire le récit (Allegro con brio du Quatuor n° 1), la musique touche toujours juste. Les quatre musiciens de l' sont bien en place et donnent une interprétation épanouie, qui gagne en cohésion au fil du spectacle et dont les effets tombent toujours bien avec le texte. Il est seulement dommage que, hormis en ouverture et à l'épilogue, ils n'aient pas de moment à eux pour faire résonner la musique seule et offrir une saine respiration. Peut-être l'agencement de la musique et du texte passera-t-il mieux dans la version annoncée en podcast ?

Crédits photographiques © Christophe Abramowitz

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