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Concert russe pour Sebastian Weigle au Suntory Hall de Tokyo

Dans un programme russo-soviétique, présente une approche germanique de la Pathétique de Tchaïkovski avec l', en plus de l'exceptionnelle interprétation de dans le Concerto pour harpe d'.

Pour cette soirée d'octobre de l', au Suntory Hall de Tokyo, l'actuel directeur musical a prévu un programme intégralement russo-soviétique.

En première partie, le trop rare est mis à l'honneur. Mais si son concerto permet à de déployer tous les charmes d'une partition douce et romantique, c'est avec Zavod que le concert débute vraiment. Utiliser le titre russe de la pièce de 1927 du compositeur né à Kiev en 1900, nous permet de préciser le contresens de la dénomination Iron Foundry, actuellement toujours préférée. Pour une œuvre incluse dans un programme prévu alors à Moscou pour fêter les 10 ans de la révolution soviétique, le soir où était également créée la Symphonie n°2 de Chostakovitch, la volonté de titrer Zavod : muzyka-mashin (Usine : musique mécanique) dans un ballet Stal (Acier) impliquait évidemment une forme de provocation, en réponse à une commande d'abord pensée pour exalter de manière plus idéale le travail prolétarien. La présentation de cette courte pièce d'à peine quatre minutes nous permet d'argumenter que plutôt qu'en imposer un côté hollywoodien dans l'interprétation, comme le fait par exemple Salonen dans son enregistrement avec le Los Angeles Philharmonic, il nous semble au contraire nécessaire d'y chercher la violence crue (Rozhdestventsky) ou la technicité (Chailly), là où, ce soir, l'ancien Kappelmeister de l'Oper Frankfurt propose surtout une rythmique froideur. Pour l'aider toutefois, le Yomiuri Nippon Symphony Orchestra répond avec une grande justesse, aussi net aux cordes que précis aux cuivres et aux percussions.

Beaucoup plus suave, le Concerto pour harpe de 1939 montre à quel point Mossolov a dû s'assagir après les purges staliniennes. D'ailleurs, lorsque l'enregistre en 2022, il le couple évidemment avec celui, créé un an plus tôt, de l'un des professeurs de Mossolov, le sage Reinhold Glière. Dans cet ouvrage en quatre mouvements, dont le premier présente le plus long développement, ressort une fois encore toute la virtuosité et la grande finesse du harpiste français. L'acoustique très transparente du Suntory Hall magnifie sa harpe et tout particulièrement les cadences, en même temps qu'elle éclaire les solos d'instruments de l'orchestre nippon, dont le basson et la superbe première violon. Pour bis, de Maistre revient avec l'une des pièces qu'il joue le plus souvent, Carnaval de Venise : Maestoso, Grazioso e moderato, de Félix Godefroid.

Consacrée à la Symphonie n° 6 de Tchaïkovski, la seconde partie de soirée permet de mieux mesurer les qualités de l'. Mais là encore, ne cache pas ses origines, car si l'orchestre propose à la fois de la légèreté dans les violons et une claire gravité dans les contrebasses, l'interprétation reste d'une approche très germanique, qui n'est pas sans rappeler celle de Böhm lorsqu'il enregistrait l'œuvre avec le LSO, ou plus récemment celle de Thielemann à Berlin.

On notera toujours la pureté des bois ou la grande précision des cuivres, cor et trompette solos en tête. Mais le chef contient trop la partition, au détriment de son émotion, ou même tout simplement de l'élan, souvent manquant. Comme beaucoup à présent, il est aussi obligé d'enchaîner les deux derniers mouvements pour éviter les applaudissements à la fin de l'Allegro molto vivace. Celui-ci est joué très énergique, forcément au détriment du début du Finale, pour lequel il faut une vraie pause avant de pouvoir insuffler toute la puissance émotive nécessaire dès les premiers instants.

Pour entendre à nouveau un orchestre presque jamais entendu en Europe, on attend maintenant le concert suivant au Japon, cette fois avec Glinka, Khatchatourian et la 15e de Chostakovitch.

Crédits photographiques : © Orchestre symphonique Yomiuri du Japon/ Takashi Fujimoto

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