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Chicago fait swinguer le Casino de Paris

La saison des fêtes est souvent l'occasion pour les théâtres de programmer des spectacles fédérateurs, valeurs sûres réunissant les générations autour d'œuvres du répertoire. Au Casino de Paris, c'est la célèbre comédie musicale Chicago qui est à l'affiche dans son adaptation en français.

À Chicago, pendant les années 1920, une prison héberge des femmes accusées de meurtre en attente de leur procès. Après avoir tué son amant, Roxie Hart () y rencontre Velma Kelly (Shy'm), ancienne star de cabaret, placée sous la protection de la redoutable Mama Morton (). Les deux femmes, ainsi que la plupart de leurs codétenues, sont défendues par Billy Flinn, avocat véreux et sans scrupule (). La pièce, inspirée d'un fait divers réel, est sympathiquement amorale en faisant gagner les meurtrières et les corrompus, les personnages positifs – le mari de Roxy, Amos Hart, interprété par l'émouvant et l'innocente Hunyak qui finit pendue – étant les grands perdants de l'histoire. Pleine d'humour et d'irrévérence, cette satire cynique et ironique de et sur une musique jazzy de ne perd rien de son adaptation en français, même si le célèbre « All that jazz » transformé en « faut qu'ça jazze » peut déconcerter au début. Il faut dire que Chicago laisse une grande part aux numéros musicaux qui sont introduits par différents protagonistes, tels des Monsieur Loyal dans une subtile mise en abyme : la vie de la pègre de Chicago n'est qu'un vaste théâtre dont la presse et le public aiment suivre les différents épisodes et rebondissements, un nouveau meurtre en chassant un autre.

Le spectacle n'a pas pris une ride depuis sa création en 1975 et reste furieusement d'actualité dans sa critique d'une certaine Amérique. La mise en scène simple et efficace de Véronique Bandelier place l'orchestre sur des gradins en fond de scène tel un big band de jazz. Ceci permet également au chef de participer à l'action de la pièce. Les artistes, tous en noir dans des tenues sexy, sont mis en valeur par les subtils jeux de lumière de Ken Billington. Les numéros s'enchaînent dans un rythme enlevé sans temps mort.

Il est difficile d'être à la fois danseur, chanteur et acteur. Ainsi chaque interprète a ses points forts tout en livrant une performance tout à fait honorable dans les autres domaines. Shy'm et forment un efficace duo de criminelles rêvant de gloire. revêt avec humour son habit d'avocat même s'il est moins convaincant vocalement. Le rôle de Mama Morton sied parfaitement à qui joue à merveille le rôle de la matonne manipulatrice. L'affiche est complétée par le rôle comique de la journaliste Mary Sunshine interprété avec finesse et drôlerie par J. Lebraud. Enfin, fait évoluer le personnage naïf d'Amos Hart de mari idiot à celui d'un homme touchant rongé par le fait de n'être jamais remarqué dans l'émouvante chanson « Monsieur Cellophane ». Ces rôles principaux emmènent le reste de la distribution dans un spectacle à l'énergie communicative dans un bel esprit de troupe sans qu'aucun artiste ne cherche à voler la vedette.

Crédits photographiques : © Cyril Bruneau

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