L'élégance du Chœur de la Radio bavaroise et des multiples forces musicales qui l'entourent, particulièrement celle de l'Orchestre de la Radio de Munich, nous permet de voyager avec plaisir sur les terres italiennes de Respighi, Frontini, mais aussi d'Howard Arman, le directeur musical !
C'est avec un Chœur de la Radio Bavaroise précis que le directeur musical Howard Arman débute son programme par la trop peu fréquente, sur scène comme au disque, Lauda per la Natività del Signore d'Ottorino Respighi. Ce cantique autour du miracle de Noël, seule œuvre chorale sacrée du compositeur, a été créé en 1930. Fondé sur la pièce médiévale éponyme du poète franciscain italien Jacopone da Todi, il retrace l'annonce des anges aux bergers qui partent rencontrer l'Enfant Jésus, ainsi que leur dialogue avec la Vierge Marie autour de cette naissance. D'une vingtaine de minutes, Respighi s'inspire de multiples styles musicaux, du chant grégorien au madrigal de la Renaissance, du romantisme tardif au néo-baroque, pour mettre en lumière un art de l'instrumentation accompli. Appuyé par un orchestre « pastoral » selon les instruments attribués aux bergers, les somptueux passages choraux alternent avec les versets médiévaux confiés aux trois solistes, dont le soprano angélique d'Eunkyung Shien (L'Ange), le berger Andrew Lepri Meyer (ténor) et l'alto de Ruth Volpert (Marie). La magie du miracle de Noël opère grâce à l'attention donnée aux détails, et une interprétation mêlant simplicité et puissance, se concluant par un crescendo joyeux et lumineux.
Les trois autres propositions de ce disque ont été menées grâce aux arrangements judicieux du directeur musical : le populaire hymne marial italien, O sanctissima, et la délicieuse mélodie Sogno d'or qui inspirera Puccini pour son quatuor du deuxième acte de La Rondine. Pour cette dernière pièce, nous retiendrons surtout le mielleux orchestral du Münchner Rundfunkorchester qui arrive à retranscrire la profonde intimité de ces rêveries d'enfant ; un choix audacieux mené avec succès.
Pour la troisième proposition « arrangée » pour une orchestration plus fournie que le piano initialement prévu, Howard Arman a sélectionné huit chants religieux populaires siciliens de Francesco Paolo Frontini, compositeur qui, à côté de son implication dans le monde de l'opéra notamment, s'est consacré en parallèle de son activité musicale à la collecte et la réécriture de chansons populaires siciliennes. Ces recherches ont mené à son anthologie de 22 chansons pour voix et piano, Canti religiosi del popolo siciliano, publiée en 1938. La noblesse de ton et la qualité technique du Chor des Bayerischen Rundfunks se marient naturellement avec le dialecte sicilien, les variations locales de Catane, Palerme et d'autres parties de l'île méditerranéenne intégrées par Frontini, et les deux différentes versions régionales intégrées cette fois-ci par le directeur musical Howard Arman : une fusion pour un Noël inspiré des traditions italiennes.