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Mstislav Rostropovitch & les 11e Rencontres d’ensembles de violoncelles

Nées en 1993 sous l'impulsion de Jacques Bernaert, qui avait fondé dix ans plus tôt un octuor pour violoncelle – auquel il allait donner le nom d'Octuor de violoncelles de Beauvais – et afin de jouer au Théâtre des Champs-Elysées Messagesquisse (1979) de Pierre Boulez, en compagnie du dédicataire de l'œuvre, , les Rencontres d'ensembles de violoncelles de Beauvais sont rapidement devenues un haut lieu de création. Chaque année amène en effet son lot d'œuvres nouvelles, plus ou moins intéressantes il est vrai, mais n'est-ce pas le risque à prendre lorsque l'on entend constituer un répertoire pour une formation guère usitée, tout en échappant à la facilité de la transcription.

Ainsi, le concert proposé le 4 mai sur la scène du Théâtre du Beauvaisis est-il le parfait reflet des aléas de la nécessité de la création. Comme le reconnaissait Jacques Bernaert, le programme était la parfaite représentation de l'esprit d'ouverture du directeur artistique de la manifestation.

Sous la direction de , que les Rencontres de Beauvais accueillaient avec diligence et empressement tant il y était attendu depuis longtemps, l'Octuor de violoncelles de Beauvais, auquel s'étaient adjoints pour l'occasion deux autres ensembles de violoncelles – Cantabile de Katowice (Pologne) et les Violoncellistes de l' -, ces Rencontres proposaient trois créations mondiales d'autant de compositeurs représentatifs de la diversité des styles de la musique d'aujourd'hui. Le Polonais (né en 1949) s'impose dans son Stabat Mater comme un continuateur du Krysztof Penderecki de la meilleure période – celle d'avant 1970 – par l'authenticité de ses élans, une écriture polyphonique serrée, un travail sur le timbre qui permet de goûter de la diversité des couleurs que les violoncelles peuvent offrir, enrichis, il est vrai, de la présence de la voix. Il faut dire que la pièce a été remarquablement servie par le chœur polonais et le timbre chaleureux de Marie Kobayashi. Au centre du concert, Lineas de agua (Lignes de l'eau) du compositeur argentin vivant à Paris, (né en 1958). Cette œuvre encore en écriture dont la partie proposée à Beauvais forme l'élément central, s'annonce importante au sein de la création de son auteur. La fluidité de l'entrelacs des cordes est un plaisir délectable aux oreilles de l'auditeur, et s'avère passionnante en regard de la partition qui suivait, le fade Post festum – triste lendemain de fête, en vérité – de l'Ukrainien Efrem Podgaits (né en 1949) – fort bavard considérant la pauvreté du matériau musical. Ces interminables minutes, contrairement à l'œuvre de Matalon, finissent par inciter à se poser la question de la viabilité d'une formation constituée des seuls violoncelles… Pourtant, les musiciens se sont investis sans compter pour donner à ce programme unité et rigueur, à défaut de lyrisme, la direction de se limitant à battre la mesure et à suivre, plutôt qu'anticiper, l'exécution des œuvres. Mais la présence du célèbre interprète russe a eu le mérite d'attirer les foules.

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