S'il fut l'élève de Vincent d'Indy et Charles Bordes, deux disciples de César Franck, les compositions (dont trois opéras) de Marie-Joseph Canteloube de Malaret — plus connu sous le nom de Joseph Canteloube — ne rencontrèrent jamais un succès retentissant. Membre de l'Action Française, il s'intéressa vivement aux traditions musicales régionales. Et c'est en tant que collectionneur de ces musiques qu'il a trouvé sa place dans l'histoire de la musique classique. Pendant l'Occupation, il travailla pour le gouvernement de Vichy à réveiller l'intérêt du public pour la musique populaire. Cela n'empêcha pourtant pas l'intérêt que suscitent jusqu'à aujourd'hui ses Chants d'Auvergne, arrangés pour voix et ensemble instrumental, qu'il publia en cinq recueils entre 1924 et 1955. Naxos nous en offre une petite sélection.
L'interprétation des 21 mélodies par Véronique Gens et l'Orchestre National de Lille sous la baguette de Jean-Claude Casadesus frôle l'idéal. Le chef et son ensemble mettent en valeur toutes les richesses et toutes les couleurs de cette orchestration post-impressionniste. Et Véronique Gens trouve exactement le ton que requièrent ces chansons, simple et exempt de tout maniérisme. Si la qualité du timbre, très riche en couleurs, et la maîtrise technique de l'instrument trahissent évidemment la grande chanteuse, elle ne tombe jamais dans le piège d'un faux lyrisme. Et qui pourrait mieux interpréter ces textes occitans qu'une Auvergnate ! On lui pardonnera donc facilement la manie bien baroqueuse d'attaquer ses piani systématiquement sans vibrato. Un CD donc qui ne devrait manquer dans aucune collection de mélodies françaises.