- ResMusica - https://www.resmusica.com -

Présences 2005, Deuxièmes Noces

Programme presque exclusivement choral pour ce 12ème concert de Présences 2005. L de fait partie des commandes de l'ARIAM Ile-de-France destinées aux chœurs amateurs. L'écriture vocale en est très centrale, l'œuvre étant composée sur des cellules mélodico-rythmiques se répondant d'un pupitre à l'autre. Le chœur de Radio-France, insuffisamment préparé (par manque de temps ? le le sollicite beaucoup cette année), ne rend pas justice à cette pièce pourtant bien conçue.

La Symphonie Mécanique (1955) de est une musique de film pour le court-métrage éponyme de Jean Mitry. Conçue dans les studios de l'ORTF du temps du GRM de , unique partition de Boulez pour musique électroacoustique d'un compositeur tout juste trentenaire, elle tient en germe les principes de transformations du son et une richesse sonore typique de celui qui allait devenir le « Maître de Chapelle » de la musique d'aujourd'hui. Les images de Jean Mitry, projetées ce soir, sont des juxtapositions de chaînes de travail automatisées, dont le rythme de déroulement rappelle certaines scènes de Fritz Lang. Un court extrait de documentaire (lequel ? quand ? par qui ? il aurait été judicieux d'en informer le public) nous montrant Boulez et Stravinsky (accompagné de Robert Craft) sert de préambule à la deuxième version de Noces proposée ce soir. Le jeune compositeur (armé d'un sacré culot) explique au vieux créateur sa faute de métrique à la fin de sa célèbre partition. Il est amusant de voir Stravinsky ainsi docile, semblant reconnaître une erreur d'impression qui, à l'époque (en 1923) lui aurait échappé.

L'Etude pour pianola – plus tard la Première des Quatre Etudes pour orchestre– est jouée aux deux pianos, non mécaniques comme en 1917 mais reliés à un système MIDI. Suivent immédiatement le deuxième avatar de Noces. Ce ballet avant sa version définitive de 1923 a connu trois autres versions, dont 2 « jouables » et présentées lors du festival : une pour grand orchestre (1917), à peine commencée (il n'en subsiste qu'une centaine de mesures), une ensemble orchestral ou les vents dominent (1917), prévue le 10 février prochain et une pour 2 pianos mécaniques, cymbalums et percussions (1919), inachevée en raison des difficultés techniques de l'époque pour coordonner instrumentistes humains et machines et exécutée ce soir. , à défaut de diriger l'ensemble, suit les pianos automatiques, véritables chefs d'orchestre de la soirée. Le chœur, à l'instar du concert du 8 février, est toujours excellent et les solistes semblent plus à l'aise dans cette instrumentation plus légère. On reste néanmoins sur notre faim, Stravinsky n'ayant pu arranger que les deux premiers tableaux.

La maîtrise de Radio-France, qui a l'exclusivité de la seconde partie du concert, nous prouve, une fois de plus, ses fantastiques progrès sous la houlette de . Divorce de , sur un texte de , vise l'épure et la simplicité. Pari gagné, avec cette œuvre tout à tour inventive et surprenante qui reste toujours simple en apparence, avec son accompagnement ténu de piano (préparé) et de percussions. Songs from North and South de bien que commencé en 1993 n'avait été que partiellement créé par le chœur d'enfants de Tapiola. Onze ans plus tard la Maîtrise de Radio-France en assure avec brio la création mondiale. L'œuvre est redoutable avec son alternance de polyphonies complexes et de passages en écriture aléatoire. Les jeunes choristes, sous la direction précises de , déjouent les pièges de la partition pour nous livrer une vision exemplaire de ce qui est sans nuls doutes un chef d'œuvre de la musique d'aujourd'hui. Les Comptines de terminent agréablement ce concert. Arrangements de divers chants enfantins du monde entier, cette pièce fait preuve d'une inspiration fraîche et inventive qui ne transparaissait pas dans les œuvres précédemment proposées de ce compositeur, à qui Présences 2005 est dédié.

Crédit photographique : (c) DR

(Visited 259 times, 1 visits today)