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La Création, soirée d’anthologie au Festival de Saint Denis

On se demandait, ce soir d'avant spectacle d'ouverture du 28 mai, si c'était la belle réputation du Festival de Saint Denis ou l'amour de Haydn qui faisait se déplacer le public, bravant le lumbago inévitable dû aux redoutables chaises en bois au dossier droit de la Basilique. Les petits groupes, attendant l'ouverture des portes, bruissaient, frémissaient, un nom circulait d'une façon lancinante, chuchoté d'un groupe à l'autre, on parlait d'opération, de premier concert en France, (lire la chronique de notre collaborateur canadien Jacques Hétu pour le premier concert à l'étranger) depuis lors…son plus grand fan, capable de se déplacer jusqu'à Santa Fé pour l'entendre, était installé au deuxième rang…

Que les aficionados de se rassurent, elle était là, resplendissante dans sa robe rouge, rayonnante du plaisir de chanter, et en excellente forme vocale! Le timbre est brillant, les vocalises calées au millimètre, les aigus impeccables, même s'ils ne sont pas écrits pour voix stratosphérique, la prononciation impeccable, bref, la Dessay des grands jours, ceux d'avant la première opération, nous revient, intacte, rayonnante, souveraine. Son ange Gabriel est…angélique…à souhait, son Eve féminine et sensuelle à damner tous les Adams. Elle se taille la part du lion dans cette Création où l'on ne voit, n'entend qu'elle.

On aurait pourtant tort, dans cette sensationnelle distribution, de ne s'arrêter qu'à elle. est également en excellente forme vocale. Diction superlative, graves splendides, sonores, timbrés et bien posés, voici un Raphaël et un Adam d'anthologie. La partie d'Uriel n'est pas la plus intéressante de l'œuvre. Paul Groves y apporte son timbre de Tamino, qu'il a beaucoup chanté, rappelant de façon étrange et fort à propos les cotés mozartiens de l'œuvre, avec toutefois une propension légèrement gênante à chanter uniformément en force. L', sous la direction de , sonne parfois imprécis, et présente quelques problèmes au niveau de la justesse des cuivres. Péché véniel eût égard à la qualité de la représentation.

Ce son cotonneux n'est probablement pas dû à l'acoustique un peu spéciale de la Basilique Saint Denis, car le Collegium Vocal Gent est quant à lui d'une précision, d'une réactivité et d'un raffinement exemplaire, passant en quelques secondes du pianissimo le plus impalpable au fortissimo le plus grandiose. Une splendide soirée, à l'aune de la qualité habituelle du festival.

Crédit photopgraphique : © DR

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