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Délire de (et autour de) Macbeth

L'Opéra de Zürich propose un Macbeth assez déconcertant que signent et ses camarades d'aventure (décors) et (costumes).

Si l'essentiel de leur travail porte sur la nature de la relation amoureuse et conjugale du couple des Macbeth, ce qui permet de faire état de conceptions intéressantes, maints aspects de leur lecture désarçonnent complètement. Une foule de détails et de petits anachronismes délibérés brouillent les pistes, jusqu'à induire une lassitude croissante. A commencer par les costumes et ustensiles hétéroclites dont sont affublés les choristes, d'abord pour le chœur des sorcières de la forêt, qui trimbalent des objets aussi saugrenus qu'une radio portable bariolée, et plus tard, les assassins de l'acte II qui semblent revêtir les combinaisons en cuir en vogue dans les écuries de Formule 1 du temps de Jacky Icks ! Simagrées vestimentaires qui voient encore Macduff déambuler avec un inénarrable manteau en cuir et des cheveux bleus… Quant aux décors, ils sont souvent à l'avenant, avec une structure en spirale assortie d'un cube luminescent et évidé en son milieu qui tient lieu de palais. Le support du DVD rend d'autant plus difficile l'interprétation de ces éléments artistiques à l'esthétique émaciée puisque le cadrage est par trop fait de gros plans, au détriment d'une vision globale, panoramique. Tout au plus, cela concentre l'attention sur le couple lors de leurs huis clos empreints de démence.

Seule (Lady Macbeth) assume fort avantageusement un costume osé qui exacerbe la cruauté et la séduction sans ambages de son personnage. Il y a en effet dans la relation entre les époux régicides une dimension nocive, vénéneuse, qui se cultive au travers de leur quête commune du pouvoir, laquelle passe par la recherche d'un plaisir pervers vécu dans l'acte meurtrier. La chanteuse parvient à instiller cette dimension noirâtre, extrême à son personnage, qu'elle rend théâtralement passionnant, au-delà de la face obscure de la scénographie. Vocalement aussi d'ailleurs ; la cantatrice assume un chant incisif, fougueux, jamais criard, qui livre les inflexions indicibles de son être profondément perfide. Son époux, campé par dont c'est la prise du rôle-titre, brille dans l'interprétation de ce personnage pétri de folie et de dépression progressive. Vaillant, doté d'un masque que rien ne vient prendre en défaut, Hampson se montre un verdien des plus convaincants. ; (Banquo) déploie une voix plus sombre, plus martiale que celle de Macbeth et offre de fait un contraste intéressant avec celui qui sera à l'origine de sa mort.

Tous les rôles, sans exception, sont d'ailleurs dignes d'intérêt vocalement, tout comme la direction vive et précise de . Demeurent, hélas, ces partis pris scéniques un peu rédhibitoires.

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