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Enthousiasmante Flûte enchantée nantaise avec Thomas Oliemans

En cette année anniversaire où les productions mozartiennes vont fleurir dans tous les théâtres lyriques du monde, nous faisons le vœu que beaucoup soient aussi réussies que cette enthousiasmante Flûte enchantée nantaise.

Sans ignorer la dimension initiatique et maçonnique de l'œuvre, dont les symboles sont présents sur scène, et mobilisent toutes les ressources de leur expérience et de leur intelligence pour bâtir un spectacle imaginatif et heureux, empli de gags jubilatoires spontanément applaudis par un public ravi. Leur démarche se rapproche de celle d' dans sa production strasbourgeoise sans en partager les excès. Il y a en effet ici, comme dans la récente et superbe production de l'Etoile signée par Emmanuelle Bastet, un juste équilibre entre le rire et la poésie, le calme et l'animation. Pas de matelas gonflables (!), mais une utilisation pertinente et roborative des bons vieux procédés du théâtre à l'ancienne : trappes, bruitages, filins qui emportent les personnages dans les airs… Le spectacle se déroule sans aucune faute de goût ni de rythme, et les 2 actes mozartiens nous paraissent bien courts lorsque déjà résonne le chœur final. Nous souhaitons de nombreuses reprises à cette production belle et drôle, qui n'omet ni ne trahit aucune des intentions du compositeur et de son librettiste, mais impose une imagerie originale mêlant des images volontairement naïves tout droit sorties d'un conte des Mille et Une Nuits à l'univers plus contemporain des initiés.

Angers-Nantes-Opéra a fait confiance à une équipe de chanteurs jeunes et prometteurs, tous vocalement adéquats et scéniquement très impliqués. La palme revient à , formidable comédien d'une drôlerie irrésistible tout en sachant éviter le piège de la surcharge, doté par ailleurs d'une vois saine et homogène. n'a pas le plus flatteur des timbres, mais son engagement juvénile et sa musicalité emportent l'adhésion. possède la profondeur de grave exigée par Sarastro et un timbre particulièrement intéressant, à défaut d'une projection toujours irréprochable. La jeune Burcu Uyar, encore pensionnaire du CNIPAL la saison passée, darde des contre-notes percutantes avec l'aplomb d'une grande et nous suivrons avec intérêt la suite de sa carrière. La gracieuse possède un timbre juvénile et diapré, et une musicalité racée qui font rapidement oublier quelques tensions dans l'aigu. Parmi les seconds rôles, nous détacherons d'un trio de dames un peu disparate le frais soprano de , et nous saluerons encore les performances d'acteurs d'Eric Huchet et de Katia Velletaz, qui réalise un numéro exceptionnel dans son costume de vieil oiseau.

La lecture orchestrale du souriant s'inscrit dans une optique résolument romantique et, passées quelques légères imprécisions initiales, se révèle alerte et attentive, contribuant au succès de la soirée au même titre que la prestation des chœurs d'Angers Nantes Opéra. Rien ne vient donc ternir le plaisir de spectateurs qui redécouvrent la Flûte enchantée avec des yeux d'enfants émerveillés. Pouvait-on rendre à Mozart un meilleur hommage?

Crédit photographique : © Vincent Jacques

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