Symbole de l'avant-garde française des années 1920, le « Groupe des Six » cache pourtant des personnalités très différentes. Seule cette expression trouvée par le critique et compositeur Henri Collet caractérise des musiciens liés seulement par une amitié profonde. À l'exception de Poulenc, et de quelques pièces de Darius Milhaud et d'Arthur Honegger, les compositions du Groupe des Six restent encore bien peu présentes au concert et au disque.
Unique femme du Groupe des Six, Germaine Tailleferre, nous propose sa tardive (1973), mais fort belle Sonatine pour violon et piano aux teintes limpides. Georges Auric est représenté par des extraits de sa série des Imaginées, dédiée à son épouse Nora. La composition de ce corpus s'étale de 1968 à 1975 et chaque pièce est consacrée à un instrument. Avec une grande économique de moyens, le compositeur impose des climats contrastés où la mélancolie rime avec l'éclat. Arthur Honegger est présent avec sa brève mais excellente Sonatine pour clarinette et piano de 1921-1922 dont le ton endiablé et les rythmes « jazzy » fascinent l'oreille. Personnalité et compositeur à redécouvrir, Louis Durey est l'auteur d'un vaste corpus où l'on perçoit l'inspiration de Schœnberg et de Stravinsky. Il charme les tympans avec une sonatine endiablée pour flûte et piano de 1925. Eternel expérimentateur, Darius Milhaud nous offre les six pièces le Printemps pour piano seul (1915/1920). Ce cycle dont Alfred Cortot disait qu'il était touché « par la grâce d'une subtile et discrète sensibilité » apporte un éclairage intéressant sur une œuvre encore fort méconnue. Francis Poulenc se voir offrir la plus plantureuse place de ce disque avec sa musique de scène pour l'Invitation au château de Jean Anouilh. Créée à Paris en 1947, cette musique mêle valse, tango, tarentelle et polka, avec tout le savoir-faire de Poulenc qui sait unir comme personne naturel, humour et esprit.
L'interprétation de quelques musiciens issus de l'élite de l'élite des instrumentistes français est absolument idéale tant au niveau technique que stylistique. Ce disque est un apport essentiel à la connaissance de ces compositeurs. On regrettera juste une prise de son parfois un peu trop réverbérée.