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Les Noces de Figaro à l’Opéra de Paris, beaucoup de bruit pour rien ?

France Télévision : France 3

Dans le cadre estival de ses diffusions hebdomadaires d'opéras, France Télévision offre la production des Noces de Figaro, filmée à l'Opéra de Paris au printemps dernier, représentations dont, comme à l'accoutumée, ResMusica ne put rendre compte, l'Opéra de Paris refusant obstinément d'inviter ses rédacteurs. Créée au festival de Salzbourg cuvée 2001 où elle avait fait grand bruit, cette mise en scène déboulait à Paris auréolée du parfum de scandale qu'aime tant l'actuel directeur de « la grande boutique ». Le « sommet provocateur » du spectacle résidant dans le remplacement des récitatifs classiques par un récitativiste (l'assez génial Jürg Kienberger) s'adonnant à ces intermèdes sur différents instruments, du synthétiseur au glass armonica, en passant par l'accordéon…L'accueil du public fut plus que houleux et pas une représentation ne pouvait se passer sans des bordées « d'assassins » et de nombreuses vociférations. D'ailleurs pris à partie par une grande proportion du public comme responsable des récentes désillusions scéniques et musicales de l'Opéra de Paris, le chef d'orchestre évitait de venir saluer seul !

Pourtant cette production s'avère plus ennuyeuse que vraiment choquante ! Après sa brillante réussite dans Katia Kabanova de Janacek, Marthaler se prend les pieds dans l'impitoyable tapis mozartien. Le décor unique hyper réaliste d'une administration-boutique de mariage de l'Europe communiste fin de guerre froide lasse très vite, d'autant plus que le scénographe helvète réussit juste quelques scènes d'ensemble. À l'image des personnages qui semblent errer sans intentions sur le plateau, le spectateur se perd et s'ennuie ferme lors des nombreux et célèbres airs qui jalonnent la partition.

La distribution, dominée de la tête et des épaules par le baryton , est convenable mais sans éclats. La comtesse de Christianne Œlze et la Susanna d'Heidi Grant Murphy s'avèrent bien à l'étroit dans la tessiture des rôles, sans compter un criant manque de charisme scénique. On pourra être un peu plus tolérant envers une physiquement méconnaissable dans ses habits de Cherubino et pour un Roland Bracht (Bartolo) qu'on a connu bien moins inspiré. Seul est un Figaro de grand style tandis le reste de la distribution n'enthousiasme guère, à l'image d'un chœur de l'Opéra de Paris plus que brouillon.

Fortement décriée, la direction de apparaît pourtant digne d'intérêt. À la tête d'un orchestre de l'opéra de Paris très « français » dans son approche de Mozart : timbres verts, sons tranchants, dureté des articulations…, le chef d'orchestre campe un Mozart rapide et sec mais musical tout en étant très attentif aux chanteurs.

L'opéra étant trop rare à la télé de nombreux lyricophiles programmerons leurs magnétoscopes en espérant que ce spectacle trouve un nouvel élan grâce au prisme télévisuel.

Diffusion France 3, mardi 18 juillet 2006, 23h00

Christophe Marthaler Crédit photographique : © Festival de Bayreuth

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