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Des mots aux notes : la complicité sous toutes ses formes

Festival de l'Empéri

Le festival de l'Empéri est de ces festivals qui bénéficient d'un cadre idyllique, d'une ambiance chaleureuse et de programmations de qualités : de petits coins de paradis estivaux.

Ce concert est le premier d'une longue série enregistrée par France Musique – diffusion prévue en septembre ou octobre. Mais concert est-il réellement le terme exact ? Il s'agissait plus exactement d'une soirée dédiée à la musique et au monde musical entourant  : Tout au long de la soirée, moments musicaux et littéraires s'alternent. La formule est originale et envoûtante. Deux acteurs – et pas des moindres : et – se donnent la réplique à travers des extraits de la correspondance de et , ou des écrits de Clara, Robert et Marie (leur fille) Schumann. Peu à peu renaît ainsi tout un univers qui débute lors de l'arrivée de Brahms dans la famille et s'interrompt en 1859, trois ans après la mort de Robert. Les crises de folie, l'internement, l'amitié extrême et parfois ambiguë, le regard – parfois très critique – sur leurs contemporains sont ainsi explorés avec leurs propres mots. Peu à peu les spectateurs ne savent plus vraiment où ils sont, ni à quelle époque. Le mistral et la nuit étoilée ajoutent à cette sensation magique de voyager dans un autre univers que l'on pensait connaître mais que l'on ne faisait que soupçonner. Et lorsque la musique apparaît, c'est dans une totale complémentarité. Est-ce la musique qui illustre les textes ou les textes qui mettent en valeur la musique ? Toujours est-il que ces interprétations si fines et complices semblent l'être encore plus dans ce contexte. D'autant que le plein air d'été sied particulièrement au répertoire romantique de la musique de chambre, au risque de tomber dans une image d'Epinal.

Tenter de décrire ou commenter chaque moment musical de cette soirée serait vain, de toutes façons infidèle à la réalité. Chaque ensemble, chaque œuvre mériteraient un article à eux seuls pour rendre compte de leurs qualités musicales respectives. Ce qui restera après une telle soirée est la complicité qui unissait chaque musicien de chaque ensemble, et le plaisir visible qu'ils avaient à partager ces œuvres. Signalons entre autres la finesse extraordinaire des pianissimo de dans le Trio op. 8 de Brahms, ou l'énergie et l'humour communicatifs de Guy Braunstein dans le Quatuor pour piano et cordes de Schumann.

Les aléas des festivals estivaux offrent une part d'imprévu : programmation modifiée en dernière minute, bruits des pieds du public sur les gradins, pages tournées par le vent malgré les pinces à linge qui ornent les pupitres … cela ne nuit en rien au bonheur de la soirée, rajoutant au contraire un brin de vie supplémentaire.

Crédit photographique : © Jean Flèche

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