A sa sortie en 1996, cette version des inénarrables Carmina Burana de Carl Orff avait défrayé la chronique. Point de tempi pesants, de lourdeurs, Michel Plasson livrait une vision décapante, passée au Kärcher ® le plus puissant. Une pulsation enlevée, et la mise en avant du caractère rythmique de l'œuvre allaient à contre-courant des interprétations habituelles, empreintes de boursouflures post-romantiques. Un peu plus et Plasson arrivait à en faire de la musique…
Effet Coupe du Monde aidant, EMI ressort de son catalogue cette version (pas si ancienne pourtant) en « économique ». L'économie se fait surtout sur la notice inexistante (à l'inverse du coffret digipack d'origine, fort bien conçu), agrémentée d'un joueur de football victorieux et suant, le titre étant inscrit comme il se doit en lettres de feu sur son maillot.
Si on redécouvre avec plaisir le timbre clair de Natalie Dessay à ses débuts ou la voix protéiforme de Thomas Hampson (inoubliable Dies nox et omnia, en un falsetto presque imperceptible là ou bien d'autres utilisent le hurlando) ainsi que l'excellente tenue de l'Orfeon Donostiarra, la sempiternelle question se pose : les Carmina Burana de Orff, à quoi bon ?