Felix Mendelssohn Bartholdy a 30 ans en 1839 et c'est en homme heureux en amour et en musique qu'il compose son Trio pour piano n°1. Julia Fischer a 23 ans, ses partenaires Daniel Müller-Schott et Jonathan Gilad ne sont guère plus âgés, et ils interprètent le Trio avec une vitalité solaire à réveiller les oreilles les plus rétives à la musique classique.
D'emblée l'attention se porte sur Julia Fischer, dont la maturité et la qualité de jeu sont célébrées depuis déjà quelques années. A juste titre, car mieux encore que l'assurance presque insolente de son jeu, Julia Fischer livre de la vraie musique de chambre, faite de plaisir partagé et communicatif, et jamais une sèche virtuosité pyrotechnique de (jeune) star individualiste. Le pianiste Jonathan Gilad offre une interprétation brillante et tonique, dénuée de complexes, ce qui est une option tout à fait valable dans cette œuvre. La flamme des interprètes trouve un peu moins à s'exprimer dans le Trio n°2, composé en 1843, où la mort et la maladie apparaissent en filigrane.
Un disque remarquable et même idéal pour faire découvrir la musique de chambre à la génération des 15-25 ans.