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Voyage initiatique réussi avec Pellegrino

XXIe Festival Baroque de Pontoise

et son ensemble XVIII-21, Musique des Lumières n'en est pas à son coup d'essai avec ses recherches musicologiques. Après les Negro Spirituals au Brésil baroque, Les Délices de l'Harmonie, musique chinoise et les Vêpres à la Vierge en Chine, il plonge aujourd'hui l'auditeur dans le monde du avec improvisations et ornementations moyen-orientales et indiennes. nous emmène donc en voyage sur les traces de l'écrivain musicien voyageur Pietro Della Valle dit Pellegrino.

L'expérience du de était particulièrement réussie ce 24 septembre à la cathédrale Saint-Maclou dans le cadre du 21ème Festival Baroque de Pontoise. L'ambiance a été créée dès le début du concert avec un prélude improvisé avec le traverso s'avançant depuis le fond de la cathédrale jusqu'à la scène. Le public était alors prêt pour cette initiation au baroque d'ici et d'ailleurs, lorsque Jean-Christophe Frisch prit le micro pour placer son auditoire dans le salon du gentilhomme romain Pietro Della Valle, de retour de son voyage de 12 ans durant lequel il traversa Egypte, Terre Sainte, Arabie, Perse et Inde, pour raconter ses aventures musicales à ses amis. Le public fut transporté littéralement dans le temps et dans l'espace.

Chacun des grands morceaux du concert furent entourés de préludes, mélodies et improvisations pour passer d'une modalité à une autre et d'une ambiance à l'autre. La première partie du concert était plus dédiée à la musique orientale avec en point de mire l'Oratorio della Santa Purificazione qui, comme Fritch le dit à son public, essuya un refus pour être interprété en public car harmoniquement trop audacieux. Il est vrai que ce dialogue en musique à cinq voix avec cinq tonalités différentes (dorien, phrygien, éolien, lydien et hypolydien) avec entre autres des intonations en ré bémol majeur était hors limites de la musique occidentale. Superbe ! S'en suivit des improvisations et mélodies dans le mode Esfahan où curieusement le traverso en fermant les yeux devenait neÿ iranien. Les modulations géniales de rythme du zarb emmenèrent les spectateurs jusqu'à une chevauchée épique en Arménie et en Iran.

Toujours dans la tradition persane, l'Owj après l'entracte, permit de prouver encore une fois la puissance de la voix de dans les aigus comme dans les graves pour exprimer les lamentations.

XVIII-21, Musique des Lumières offrit également deux minutes de musique portugaise baroque de Goa (seul manuscrit subsistant) et quelques instants de musique purement indienne avec le Samaja Vara Gamana – les musiciens se déchaussèrent d'ailleurs pour jouer assis en tailleur-. Le concert se termina par Il Carro di Fedeltà d'Amore de Paolo Quagliati avec le texte de Pietro Della Valle, pur signe du baroque italien, où domina la voix de , on reprochera juste la voix pas forcément égale de l'Amour.

Un excellent concert avec de très bons instrumentistes de toutes origines aussi bien aux instruments baroques que traditionnels.

Crédit photographique : © Festival Baroque de Pontoise 2006

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