- ResMusica - https://www.resmusica.com -

The best of Andreas Scholl…ou la loi du fourre-tout

, un moment sous contrat chez Harmonia Mundi, lui préféra Decca pendant quelques années, avant de revenir récemment à son premier label, et de signer avec lui certains projets assez alléchants (cantates de Caldara, de Haendel, Giulio Cesare…). Réponse immédiate à la défection du contreténor, Decca publie un « best of » de toutes ses anciennes prestations sous son label. On trouve donc pèle-mêle dans ce CD des extraits d'opéras de Haendel et Gluck, de motets de Vivaldi et Pergolèse, des chansons populaires, des Arie antiche…un véritable inventaire à la Prévert, qui finit par donner le tournis !

Plus décevant encore, les airs élégiaques ou de déploration sont privilégiés, au détriment des airs virtuoses (à l'exception d'un décoiffant « Al tempo dell'armi » de Giulio Cesare qui clôt en beauté le CD). On entendra ainsi le « Cara sposa » de Rinaldo, très habité, avec de parfaites messe di voce et hélas aucune ornementation, mais pas le « Venti turbini » du même opéra, et tant qu'à offrir des extraits de son fantastique récital « Herœs », pourquoi ne pas proposer le sublime et ébouriffant « Pallido il sole » de l'Artaserse de Hasse ? Serait-ce pour conforter l'idée « voix de contreténor, voix céleste » ? C'est oublier bien vite que ceux-ci sont censés chanter le répertoire des castrats, eux-mêmes considérés comme les plus insensés des virtuoses ! Fort heureusement, se défend fort bien de lui-même, et son « Va per le vene il sangue », extrait de Il Trionfo di Camilla de Porpora est par exemple une merveille de violence contenue, bien loin de la voix des anges.

Nous retrouvons dans ce CD tout ce qui nous a fait adorer ce chanteur, suavité et musicalité de la voix, beauté du timbre, sûreté de la technique, vigueur de l'interprétation, mais hélas dans un vaste fourre-tout éminemment dispensable, puisqu'il ne s'agit que de reprises. On conseillera donc aux mélomanes de se tourner plutôt vers les deux plus belles réussites du contreténor : le CD de récital « Herœs » (Decca 466196-2) et le DVD de Rodelinda de Haendel à Glyndebourne (Warner 3984-23024-2) qui sont absolument incontournables.

Les démêlés d' avec Decca, ses derniers récitals en public très décevants, et même préoccupants sur son état vocal, le fait qu'il chante peu de productions scéniques alors que de tout neufs , , brûlent les planches, ont tendance à le faire déjà considérer comme un chanteur du passé, ce qui est probablement injuste. Souhaitons à Andreas Scholl, avec le retour à son ancien label et une production de Giulio Cesare au TCE ce mois d'octobre 2006, de retrouver tout son éclat médiatique… et vocal !

(Visited 222 times, 1 visits today)