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Des inédits de Sullivan, Lecocq et Delibes

Soirée « entre hommes »

Cette soirée « entre hommes » à la Péniche Opéra nous a permis de découvrir trois opéras-comiques en un acte particulièrement réjouissants : Cox and Box d', écrit avant qu'il ne s'associe avec Gilbert pour composer les opérettes que l'on sait, Le Myosotis, « aliénation mentale et musicale » de Charles Lecocq sur un livret du caricaturiste Cham, et Deux Vieilles Gardes de .

Choix judicieux que ces trois œuvrettes, conçues dès l'origine pour être amusantes, mais à qui la patine du temps confère un second degré qui les rendent plus drôle encore, et chacune d'un style différent : humour british et nonsense pour Cox and Box, dynamitage déjanté des conventions pour Le Myosotis et sordide carrément glauque pour Deux Vieilles Gardes.

La musique ? Eh bien… tout comme les livrets ne sont pas à la hauteur des œuvres complètes d'Hofmannsthal, elle ne vaut pas l'intégrale du Ring, mais étant beaucoup moins connue et rabâchée, elle ajoute le plaisir de la découverte à l'amusement. Plus culturel, en somme, que d'aller voir une nouvelle fois La Traviata, surtout si elle est mise en scène par .

Pourquoi ce titre de soirée « entre hommes » ? Il était d'usage, à l'opéra-comique, de confier des rôles féminins à des hommes en travesti, afin de renforcer l'effet comique. Et c'est plus que réussi : Les quatre messieurs de cette soirée « entre hommes » : , , et le pianiste s'en donnent à cœur joie, forcent le trait, usent du second et même du troisième ou quatrième degré, s'amusent visiblement autant que le public, plié de rire, durant cette salutaire œuvre de dépoussiérage et de découverte. Nous ne pouvons que saluer l'excellence de leur prestation, qui nous a fait passer une soirée vraiment délicieuse.

La forme de la représentation est celle d'un concert-lecture mis en espace. Donc des accessoires réduits au strict minimum, des costumes rudimentaires (mais ceux des travestis sont hilarants) et un peu d'improvisation, tout cela dans le talent et la bonne humeur. Les dialogues sont dits feuillets en main, ce qui est à la longue un peu agaçant. Avoir sans arrêt les yeux rivés au texte (qui peut être plus long que la musique dans un opéra-comique) y compris pendant les déplacements, même si cela amplifie l'aspect potache et renforce la connivence avec le public, est assez lassant et n'a empêché en rien, peut-être même au contraire, bafouillages et rattrapages aux vols…pour notre plus grand amusement… mais quand même…

A l'heure où nous écrivons ces lignes, les représentations de ces soirées « entre hommes » sont terminées. Mais qu'on se rassure, ce n'était que la première série de six « coups de cœur » programmés par la Péniche Opéra. Tout ne sera pas de la même veine comique, mais bel et bien inscrit dans le cadre de la découverte. On entendra ainsi les 14, 15, 16 décembre « le diable court dans la nuit », cabaret musical, contes cruels chantés et enchantés par Chantal Galiana et Denis Chouillet ; les 26, 27, 28 avril 2007 « Poissons d'avril » opéra découverte des XXe et XXIe siècles ; les 3, 4, 5 mai 2007 « Carte blanche à  » le violoncelle buissonnier ; les 10, 11, 12 mai 2007 « l'impasse » texte et réalisation de  ; les 24, 25, 26 mai 2007 « l'Estaminet lyrique, 17 juillet 1857 » Joseph Darcier chante Béranger, l'empereur des chansonniers. On s'en pourlèche à l'avance !

Crédit photographique : © DR

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