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Joseph Calleja, chaleur méditerranéenne


A 28 ans, est déjà une star. Il a enregistré deux CDs, il est allé en tournée à travers l'Allemagne avec Anna Netrebko, il s'est produit à Munich et Vienne, à Oslo, Bruxelles, Turin, Londres, Washington et New York. On le compare avec le jeune Pavarotti, mais aussi avec Tito Schipa ou Ferruccio Tagliavini. Face à tant d'éloges, et malgré l'impression plutôt convaincante qu'ont laissée ses deux CDs, le critique musical ne peut faire taire son scepticisme : n'est-ce pas trop, et surtout trop tôt ? Le concert que le jeune ténor maltais a donné à Bonn le 14 janvier nous a donc donné l'occasion bienvenue de vérifier à la fois le «mythe Calleja» et nos propres idées reçues.

Disons-le d'emblée : l'impression générale est très favorable. Voici un ténor doté d'une voix à l'émission franche et généreuse, aux aigus faciles et rayonnants. Mais ce n'est pas que ce plaisir purement hédoniste qui fascine. C'est également l'attention qu'il porte au texte, au phrasé et aux nuances, osant même un diminuendo sur un si bémol aigu.

En même temps, le concert confirme une certaine impression d'immaturité. C'est d'abord dû à une allure de grand-garçon, souriant et fort sympathique, mais aussi un peu gauche. C'est aussi dû à quelques imperfections techniques, notamment une tendance à placer la voix dans le nez pour surmonter le registre du passage. La plus grande réserve pourtant concerne l'interprète. Sans trop se soucier de couleurs vocales ou de finesses stylistiques (ni même de la prononciation correcte des textes français !), Calleja passe de Des Grieux (Massenet) et Werther à Macduff et au Duc de Mantoue, de Nemorino à Roméo et finalement aux chansons italiennes. Tout est chanté avec la même chaleur méditerranéenne, avec la même emphase, avec la même expression profondément romantique. C'est beau, cela plaît au public, mais c'est aussi réducteur.

Comme Calleja se limitait à huit interventions souvent assez courtes (plus trois bis), le programme a été «meublé» de sept pièces instrumentales dont trois ouvertures de Rossini (La gazza ladra, Guillaume Tell et Il Barbiere di Siviglia), une de Verdi (La Forza del destino), l'intermezzo tiré de Manon Lescaut et deux extraits orchestraux de Faust. Heureusement, le et le chef n'y voyaient pas que du remplissage. Sous la baguette à la fois alerte et sensible du directeur musical de l'Opéra de Detmold et premier chef invité à Bonn, l'orchestre a brillé de tous ses feux. Le public en était très content et a salué toutes les interventions d'applaudissements bien nourris – et de véritables ovations.

Crédit photographique : © Decca & Mitch Jenkins

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