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Accentus en terre nordique, toujours surprenant!

Le répertoire que a choisi de proposer ce soir, après les Folles journées de Nantes, n'est pas de prime abord facile d'accès, ni très habituel pour le public normand. Mais ce dernier commence à être habitué aux paris gagnants de , directeur général et artistique de l'opéra. Si , en effet, est largement connu du public, son œuvre chorale demeure encore peu produite en France notamment, à l'image de l'ensemble de la programmation de cette soirée.

C'est à dire vrai un concert aux couleurs peu familières. Des musiques du Nord, dans des langues aux sonorités et aux accents différents, reposent sur un folklore et des traditions qui nous sont pour le moins étrangères. C'est du reste ce qui frappe dès les premières mesures. La musicalité de l'idiome type la composition. La diction impeccable des choristes n'en est que plus remarquable. Premier travail d'appropriation par les musiciens pour faciliter l'accès à un public très éloigné de cette tradition finlandaise et suédoise. La qualité d'interprétation et la toujours extraordinaire maîtrise des voix de l'ensemble pouvait alors porter une écriture musicale très riche, elle-même à la croisée des traditions mais aussi des époques. Kuula est à cet égard très révélateur. Inspiré par les chants traditionnels finlandais, sa musique reste encore très romantique et forte en expression mélodique. Stenhammar signe plus encore un romantisme de la grande époque, solidement assis sur un classicisme inspiré de Mozart ou encore Haydn, pour servir une musique résolument nordique. Elle ouvre pourtant sur l'atonalité, créant l'atmosphère spécifique qui nous conduit à l'incernable Hillborg. Que ce soit chez ce dernier ou chez Sandström, tout est écrit avec du matériau qui devrait naturellement être instable, or l'ensemble se trouve au contraire extrêmement stable. Les dissonances qui d'ordinaire invitent à retrouver un accord équilibré selon la forme tonale s'harmonisent au-delà de la l'écriture simple. Mais il fallait la maîtrise de et de ses choristes pour qu'Hillborg puisse conquérir le public avec Muoayioum. Car au fond cette œuvre pourrait n'être qu'une suite d'exercices vocaux pour chauffer la voix, la travailler, la forcer à se torturer pour aller jusqu'aux limites de l'exercice. Sur le papier c'est une somme mécanique et technique où la musique est triturée, malmenée, où la voix est poussée dans ses retranchements purement techniques. Mais au final c'est une puissance équilibrée qui nous introduit dans un autre univers, où la musique est là pour elle-même. Et c'est de cette introspection musicale que l'auditeur tire une sensation séraphique qui l'entraîne dans un mouvement perpétuel toujours plus loin au cœur d'un matériau musical revisité. Mais aucun mot ne peut l'exprimer ni même tenter de s'approcher d'une description. C'est à entendre.

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Rouen. Théâtre des Arts. 9-II-2007. (1865-1957) : Sortunut ääni, op. 18 n°1, Drömmarna Sydämeni laulu, op. 18 n°6, Rakastava, op. 14 ; (1883-1918) : Tuuti lasta tuonelahan, op. 11 n°4, Minum Kultani kaonis on Nuku Siell'on kauan jo kukkineet, op. 11 n°1 ; (né en 1928) : Sommarnaten, Och glädjen den dansar ; (1871-1927) : September, I Serraillets Have, Havde jeg, o havde jeg en Datterson ; (1872-1960) : Aftonen, Uti var Hage ; David Wikander (1884-1955) : Kung liljekonvalje ; David Sandström (né en 1954) : Anrop, Tva japanska landskap ; (né en 1954) : Muoayioum. Chœur de chambre , direction : .

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