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Festival Présences 2007, contrastes de la création

Largement contestable, l'art de reste néanmoins inimitable : ce compositeur possède une « pâte sonore » bien à lui, reconnaissable dès ces œuvres de jeunesse, telle ce Living Toys composé à l'age de 23 ans. Un monde sonore s'ouvre, des idées intéressantes pullulent puis… plus rien. Tout le reste n'est que répétition et variation de ces idées de base, « un moyen facile de faire beaucoup avec très peu » comme dirait Debussy. Mais avec le Concerto pour clavecin et orchestre avec cymbalum de nous descendons encore un peu vers le néant créatif. Le public de Présences, de plus en plus policé, prêt à applaudir une musique contemporaine pas trop aventureuse, ne s'est pas trompé en réservant une série de huées à la compositrice. Seuls ces monuments du répertoire contemporain que sont Hungarian Rock et Continuum ont fourni quelques instants de musique dans cette morose première partie de concert, sous les doigts experts de l'inénarrable Elisabeth Chojnacka.

La suite fut tout de même plus prometteuse. , grand improvisateur, compositeur à mi-chemin entre le jazz et le classique (comme en témoigne un récent album consacré à Mozart), ne laisse aucune place à l'aléatoire dans son Concertino pour piano : tout y est absolument écrit. L'esthétique, loin d'être révolutionnaire, reste inventive et enjouée, d'une énergie communicative. Une pièce rafraîchissante après le vide musical infligé pendant quarante minutes auparavant. Mais le renouveau est vraiment venu de The End d'. Scherzo (création-commande de l'Orchestre National d'Ile-de-France en 2005), pourtant prévu, a du être annulé en dernière minute. Partition digne d'un Hoffnung moderne, destructurations progressives de la cadence parfaite conclusive, Strasnoy passe sans coup férir des derniers accords de la Symphonie n°8 de Beethoven à un langage résolument contemporain – à l'instar de sa cantate Hochzeitsvorbereitungen (mit B und K) qui prend Bach pour point de départ. Créateur désireux de maintenir le public en haleine (lire notre entretien) il y réussit pleinement avec cette page symphonique. The End est le dernier mouvement d'un cycle symphonique (Sum) parodiant la symphonie. Espérons qu'une intégrale au moins en concert puisse voir le jour.

Crédit photographique : © Martine Franck

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