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Soirée galante en demi-teintes au Festival de Radio-France

Il est peu de genres que Gian Francesco di Majo, compositeur à succès de son vivant, n'ait pas abordés. Succès public, estime des contemporains (dont Mozart et Métastase pour ne citer qu'eux) qui n'ont pas empêché ce compositeur d'opéras, d'oratorios, de musique sacrée, etc. de tomber dans l'oubli.

Un festival étant l'occasion idéale pour les artistes de jouer et faire découvrir des œuvres rares, donnait, à la tête de son ensemble , l'oratorio de di Majo Gesu'sotto il peso della croce, œuvre très courte, qui nous vaut, en complément de programme, deux morceaux de Giuseppe Sammartini. L'oratorio surprend : œuvre tardive (1764), elle fait référence à une esthétique déjà en voie d'essoufflement, celle de l'opéra baroque, dans sa construction, ses aria da capo et ses pyrotechnies. Mais pour quel public aujourd'hui ? Aucune catharsis n'est possible, l'émotion étant évacuée par la légèreté de la ligne – on croirait entendre les amoureux de pastorales et non les personnages de la Passion – et la moralité, chantée en canon, sans disciples sinon le mélomane curieux.

L'exécution de l'Ouverture en ré majeur JC 27 de Sammartini est remarquable dans l'Allegro, où l'ensemble fait preuve de belles attaques et cohésion, et le Grave où domine un subtil clavecin qui ressort sur un ensemble de cordes pincées. Sur l'ensemble du concert, on déplore des cordes parfois un peu sèches et un chef qui ne brille pas dans son passage de violon solo. En revanche, de beaux pupitres de seconds violons, et la talentueuse Paola Poncet au clavecin et à l'orgue. On n'aurait pas grand-chose à reprocher aux solistes, vocalement parlant, même si l'on ne croit pas trop à leurs personnages, dont une Vierge survoltée. Une Maria agile (Sul doloroso monte), une Madeleine engagée (Dov'è l'amabile splendor del viso ?) et un Jean convaincant sinon très nuancé qui font du bon travail mais rien qui soulève l'âme. Il semble bien loin, ce magistral Bajazet, donné il y a un an dans la même salle par cet ensemble…

Crédit photographique : Lucia Cirillo © Marc Ginot

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