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Une nouvelle ère à La Monnaie, seconde partie

Dans le cadre des festivités d'ouverture marquant sa première saison, le nouveau directeur de La Monnaie, , frappait un grand coup avec les premières représentations en Belgique du dernier opéra de donné en première mondiale au tout début du mois de septembre au Staatsoper de Berlin.

Cet opéra prenait place dans une thématique saisonnière qui laissera une (trop ?) grande place au tragique : de Wozzeck à Médée en passant par Didon et Enée ou Antigone.

Grand auteur d'opéras dont certains se sont imposés avec régularité au répertoire comme Der Junge Lord, Die Bassariden, Vénus et Adonis, Boulevard Solitude, Hans Werner Henze nous livre une œuvre de compositeur expérimenté qui peut se permettre toutes les digressions d'un esthète maître des notes et des mots. Renouant avec le sérialisme de ses débuts, le vieux maître offre une partition à la lumière éblouissante et à l'orchestration claire et sensuelle. Retenant qu'un orchestre de taille modeste, le créateur offre une large part aux cuivres et aux vents. Cependant, le livret du poète et théologien Christian Lehnert se perd un peu en efficacité préférant jouer la virtuosité des mots et des figures de style. Ramassée en une petite heure et demie, cette pièce fascine mais intrigue. Assez aride dans la structure du texte, il lui manque, le petit plus d'efficacité et de clarté qui fait le prix d'une Julie de Philippe Bœsmans.

Scéniquement, le travail de (qui quand il est inspiré est l'un des plus grands metteurs en scène de notre époque) poursuit dans cette relative sécheresse. Evacuant tout référence à l'Antiquité, il nous livre un univers abstrait que renforce la scénographie minimaliste d'Olafur Eliasson. Le dispositif scénique place l'orchestre en fond de parterre alors que l'action se déroule sur une estrade centrale et sur la scène. Esthétiquement cela est fort beau et assez juste, les jeux de lumières s'avérant des plus réussis.

Musicalement, les chanteurs sont exceptionnels et particulièrement engagés dans leurs rôles qu'ils vivent passionnément. Grand connaisseur des musiques actuelles, fait rayonner l'.

En marge de ces représentations, le public pouvait assister aux tragédies romaines de Shakespeare, souhaitant présenter annuellement à son public de lyricophiles le meilleur des productions théâtrales contemporaines. Le coup d'envoi revenait au metteur en scène flamand mais faisant carrière aux Pays-Bas : . Ancien intendant du Holland Festival, il dirige actuellement le Toneelgrœp d'Amsterdam. Jouées sans interruptions, Coriolanus, Julius Caesar et Antony et Cleopatra furent relues selon le credo habituel de ce scénographe : ambiance très World company et Breaking news avec des héros en costumes de banquier, intervenant sur la CNN locale, le tout dans un décor hyperréaliste de loft d'une start up alors que le public est invité à prendre place et à déambuler sur scène pour lire, surfer sur le web ou acheter de quoi se désaltérer. Il faut reconnaître à van Hove un immense talent de directeur d'acteurs, mais ses relectures rendent tous ces personnages trop humains, trop proches de nous pour fasciner sur la longueur.

Crédit photographique : © Ruth Walz

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